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GÜRSEL NEDIM (1951- )

Nedim Gürsel - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Nedim Gürsel

Nedim Gürsel est né en 1951 à Gaziantep, au sud-est de l'Anatolie. Il a fait ses études secondaires à Istanbul, au lycée de Galatasaray et ses études supérieures à la Sorbonne. Installé à Paris, Nedim Gürsel enseigne la littérature turque à l'Institut national des langues et civilisations orientales.

Romancier, essayiste et critique, Nedim Gürsel a publié plusieurs recueils de nouvelles et des romans. Dès son premier ouvrage : Uzun Sürnüs bir yaz (Un long été à Istanbul, 1975), il obtint le prix de la Société de la langue turque. Il a également publié des essais sur Nazim Hikmet : Nazim Hikmet et la littérature populaire turque (1987) et sur Yachar Kemal (Le Roman d'une transition, 2003), ainsi qu'un Paysage littéraire de la Turquie contemporaine (2000).

Les thèmes qui ont dominé, dès les premières publications, l’œuvre de Nedim Gürsel sont l'exil, la solitude, la nostalgie. Il faut tenir compte ici de l'état d'esprit d’une génération d'intellectuels et d'écrivains turcs qui ont vécu la crise née d'une recherche d'identité et qui éprouvent le besoin de s'accrocher à un sentiment ou à une pensée existentielle. Bien que Istanbul soit dans l’œuvre de Nedim Gürsel le motif principal de son propos nostalgique, toutes les villes que l'auteur visite et décrit – la diversité et la quantité des voyages effectués par Gürsel sont stupéfiantes – conservent toujours un arrière-goût désabusé d'insatisfaction qui reflète une inquiétude constante et indéterminée. Son inclination pour l'interrogation fait que Gürsel veut tout saisir par l'écriture : elle est pour lui le seul refuge, la seule patrie. C’est ainsi que, sans s'enfermer dans le carcan d'un réalisme au premier degré, la description dérive souvent vers l'insolite, ce qui donne une ampleur au style de l’écrivain. Le talent poétique et sentimental de Gürsel, sa langue débarrassée de tout emprunt arabo-persan, aboutissent à une forme sans apprêt et d'une justesse de ton qui se manifeste avec musicalité et harmonie, situant Gürsel parmi les meilleurs écrivains de la langue turque rénovée.

De nombreux ouvrages de Nedim Gürsel ont été traduits en français, parmi lesquels : Les Lapins du commandant (1985), Le Dernier Tramway (1991), La Première Femme (1994), le Roman du conquérant (1995), Les Turbans de Venise (2001), Balcon sur la Méditerranée (2003), et de nombreux récits de voyages (Mirages du Sud, 2001 ; De ville en ville. Ombres et traces, avec E. Haboyan, 2007). Les Filles d’Allah (2009) entrecroisent ses souvenirs d’enfance dans une ville d’Anatolie et une biographie romancée de Mahomet. Ce livre lui vaut d’être poursuivi par la justice turque pour avoir « vilipendé publiquement les valeurs religieuses d’une partie de la population ». Quant à L’Ange rouge (2012), il permet à Nedim Gürsel d’évoquer une nouvelle fois, sous une forme romancée, la figure de Nazim Hikmet lors de son exil à Berlin-Est et à Moscou.

— Guzine DINO

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Écrit par

  • : chargée d'enseignement honoraire à l'Institut des langues et civilisations orientales, université de Paris-III

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Média

Nedim Gürsel - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

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    ...l'allégresse joycienne de l'exilé emportant sa langue en guise de territoire – le génial landuage ! Mieux qu'aucun autre, sans doute, l'écrivain turc Nedim Gürsel saura le dire avec « les mots de l'exil » : « Je suis traversé dans ma vie quotidienne par la langue française qui me hante ; [...] ce lieu...