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NÉGATIONNISME

En raison de sa nature et de son ampleur, le génocide perpétré par le régime nazi contre les juifs a profondément marqué l'histoire contemporaine. La manifestation la plus paradoxale de cette empreinte est fournie par l'entreprise qui consiste à nier la réalité de ce génocide. Qualifiée de « révisionniste » par ses promoteurs à partir des années 1970 pour lui donner un semblant de scientificité, celle-ci est désignée à juste titre comme négationniste par les historiens.

Réactualisant une longue tradition antisémite de l'Occident, les négationnistes dénoncent un prétendu complot juif international qui aurait fabriqué de toutes pièces cette « escroquerie du xxe siècle » dans le but de justifier l'existence de l'État d'Israël et d'extorquer de scandaleuses réparations à une Allemagne innocente.

Le négationnisme a connu en France un développement particulier. En effet, deux de ses principaux précurseurs – Maurice Bardèche et Paul Rassinier – étaient français. De plus, l'histoire de sa diffusion y est marquée, à partir des années 1970, par une convergence de vues et d'actions entre des milieux d'extrême droite et des personnes issues d'un milieu radicalement opposé, celui des groupuscules d'ultra-gauche.

Le mensonge obligé de l'extrême droite

La dénonciation négationniste apparaît dès l'époque de la guerre froide, qui a immédiatement succédé à la victoire des Alliés en 1945, dans les milieux d'extrême droite de divers pays d'Europe, puis en Amérique du Nord et du Sud, dans certains pays arabes, en Australie, notamment là où d'anciens responsables nazis ont trouvé refuge.

En 1950 a lieu la première rencontre des principaux chefs néo-fascistes européens, dont le Britannique Oswald Mosley, l'ancien Waffen SS Karl-Heinz Priester et le Français Maurice Bardèche. L'année suivante voit la naissance, en France, de l'hebdomadaire Rivarol, principale tribune des vichystes récemment épurés, favorables à l'amnistie et à la réhabilitation du maréchal Pétain, puis de la revue Défense de l'Occident, conçue d'abord par son fondateur, Maurice Bardèche, comme l'organe français du Mouvement social européen, que lui et quelques autres admirateurs du IIIe Reich viennent de fonder à Malmö, en Suède. Adaptant son discours au nouveau contexte international, l'extrême droite s'empare du thème d'une « nation Europe » en danger face à la menace communiste. Mais il lui faut également, pour espérer regagner en audience, réécrire l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : euphémiser et minimiser les crimes nazis avant d'en venir à nier celui d'entre eux qui, précisément, faisait la spécificité du nazisme, le génocide. Parallèlement à l'exaltation des hauts faits de l'armée du IIIe Reich, qui aurait défendu l'Occident contre la barbarie communiste, et à la justification de la SS, qui n'aurait participé qu'à de rares massacres et dans le seul but de répliquer au « terrorisme », livres et pamphlets d'extrême droite dénoncent sans relâche les crimes des Alliés, dans lesquels sont comptés, pêle-mêle, les bombardements de civils, les déplacements de populations, le pillage industriel de l'Allemagne, la dénazification et le procès des responsables nazis.

Maurice Bardèche (1909-1998), ami intime et beau-frère de Robert Brasillach, l'écrivain collaborationniste fusillé à la Libération, s'est évertué dès 1947 à démontrer que les crimes des nazis et de leurs auxiliaires français n'étaient en rien différents de ceux des Alliés. Pour blanchir les collaborateurs les plus engagés et rendre le nazisme historiquement supportable, il nie la réalité de l'assassinat de millions d'êtres humains tués pour la seule raison qu'ils étaient nés juifs.[...]

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