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NÉGATIONNISME

Du pacifisme au négationnisme : Paul Rassinier

Le fait est que les prémices du négationnisme apparaissent chez Rassinier alors qu'il est encore inscrit dans un univers politique fort éloigné de celui de l'extrême droite. Fils d'un petit paysan du Territoire de Belfort, l'instituteur Rassinier milite activement au Parti communiste de 1923 à 1932, puis, à partir de 1934, au parti socialiste S.F.I.O. « Munichois » acharné, de la tendance de Paul Faure opposée à celle de Léon Blum, il manifeste son adhésion au pacifisme intégral dans ses éditoriaux pour l'hebdomadaire socialiste belfortain qu'il dirige jusqu'à la guerre. Le 7 mars 1942, dans Le Rouge et le Bleu, un mensuel collaborationniste publié par l'ancien socialiste Charles Spinasse, il écrit encore que « des millions de Français se sont trouvés jetés dans l'absurde guerre de 1939 par fidélité à l'esprit de parti ou par discipline de parti ». En 1943, il contribue néanmoins à la parution du premier numéro d'un journal clandestin conçu par des étudiants parisiens en même temps qu'il fait partie d'un groupe de résistants belfortains au sein du mouvement Libération-Nord. Mais, décidément pacifiste, il s'y montre constamment hostile à toute action armée. Arrêté en novembre 1943, il est déporté au début de l'année suivante en Allemagne, où, après le camp de concentration de Buchenwald, il passe treize mois, jusqu'à la Libération, dans celui de Dora. Il rentre à Belfort en juin 1945. Souffrant des séquelles de son arrestation et de sa déportation, il est bientôt mis à la retraite anticipée. Malgré son état de santé, il reprend aussitôt son activité politique et militante. Nommé député en août 1946 lorsque le secrétaire de la fédération socialiste S.F.I.O. du Territoire de Belfort, dont il est l'adjoint, démissionne en sa faveur, il est battu deux mois plus tard par une alliance locale que le maire radical de Belfort noue alors avec les communistes. Cette défaite survient dans l'existence de Rassinier alors même que, pour la première fois de sa longue vie de militant politique, il détenait enfin un mandat électif, une reconnaissance, une légitimité. Or c'est de ce cuisant échec de l'automne de 1946 que datent ses premières manifestations publiques d'antisémitisme, à l'encontre de Pierre Dreyfus-Schmidt, son adversaire radical, dans les éditoriaux amers et violents qu'il publie en première page de l'organe local de la S.F.I.O., dont il est le rédacteur en chef.

À peine quelques mois après cet échec, Rassinier quitte, en 1947, ce Territoire de Belfort où il avait constamment vécu jusque-là. Durant le dernier tiers de son existence, successivement à Mâcon, à Nice et à Asnières, dans la banlieue parisienne, il se consacre essentiellement à l'écriture, notamment de livres de dénonciations qui feront de lui, après sa mort en 1967, le père fondateur revendiqué par les négationnistes. Dès son premier ouvrage, Passage de la ligne, paru en 1949, il dédouane largement les nazis des atrocités commises dans les camps de concentration. Pour le deuxième, Le Mensonge d'Ulysse, publié l'année suivante, il a demandé à un pamphlétaire d'extrême droite, Albert Paraz, d'écrire une préface, dans laquelle des déportés sont notamment dénoncés comme de « très basses fripouilles ». Ce qui vaut à Rassinier d'être exclu de la S.F.I.O. en 1951. Deux ans plus tard, il adhère à la Fédération anarchiste. La petite réputation de spécialiste des questions économiques qu'il acquiert dans le milieu libertaire et pacifiste à travers ses publications et conférences n'est pas remise en cause lorsque plusieurs de ses articles, à partir du bref passage au pouvoir de Pierre Mendès France en 1954, sont exclusivement consacrés à[...]

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