- 1. Le mensonge obligé de l'extrême droite
- 2. Du pacifisme au négationnisme : Paul Rassinier
- 3. De l'hypercritique littéraire au négationnisme : Robert Faurisson
- 4. L'exploitation des circonstances
- 5. Des militants fourvoyés de l'ultra-gauche
- 6. Entre tentative de légitimation académique et coups médiatiques
- 7. Un réseau international
- 8. Les limites de la réplique
- 9. Bibliogaphie
NÉGATIONNISME
De l'hypercritique littéraire au négationnisme : Robert Faurisson
Né en 1929, Robert Faurisson est en 1974 un obscur universitaire, maître de conférences en littérature. Il est sans affiliation politique connue et se dit apolitique. En 1960, professeur de français dans un lycée à Vichy, il a pourtant connu un affrontement plutôt musclé avec un commissaire de police venu ôter la plaque commémorative que les « Amis du maréchal Pétain » avaient apposée devant le bureau occupé par celui-ci pendant la guerre dans un grand hôtel de la ville. Il a brièvement fait parler de lui au sein du monde de la critique littéraire lorsqu'il a proposé en 1961 un article, d'abord anonyme, sur le sonnet Voyelles de Rimbaud, dans lequel il explique que ce sonnet reposait tout entier sur une « mystification ». Chez Faurisson, l'hypercritique des documents, qui conduit systématiquement à rejeter leur authenticité, est élevée au rang de méthode. Il poursuit ainsi son entreprise de « démystification » des œuvres littéraires, proposant notamment une « traduction » en français des Chimères de Nerval après avoir consacré sa thèse de doctorat, soutenue en 1972, à démontrer que Les Chants de Maldoror de Lautréamont n'étaient qu'une « supercherie » dont ont été victimes pendant un siècle « l'immense cortège des dupes » où l'on compte « quelques-uns des plus grands noms de la littérature, de la critique et de l'Université ». Dans le livre issu de cette thèse (A-t-on lu Lautréamont ?, Gallimard, 1972), où il expose sa théorie, Faurisson évoque au passage les « mythes encore plus extravagants » suscités par la Seconde Guerre mondiale, en ajoutant qu'« il ne fait pas bon s'y attaquer » parce qu'« on court quelque risque à vouloir démystifier ».
Il s'y attaque néanmoins, à partir du milieu des années 1970, jusqu'à inonder les rédactions de journaux, en 1978, d'un texte polycopié contenant ce qu'il appelle les « conclusions des auteurs révisionnistes », parmi lesquels figure en bonne place Paul Rassinier, dont la mort en 1967 avait empêché que leur contact aille au-delà d'un bref échange épistolaire et dont Faurisson se proclame le disciple. Ces conclusions polycopiées, au nombre de sept, sont exposées comme des évidences afin d'impressionner le lecteur, dupé par ce que Faurisson appelle la version « exterminationniste » de l'histoire. Elles constituent le credo de la vulgate négationniste : « 1. Les „chambres à gaz“ hitlériennes n'ont jamais existé. 2. Le „génocide“ ou la „tentative de génocide“ des juifs n'a jamais eu lieu : en clair, jamais Hitler n'a donné l'ordre (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion. 3. Les prétendues „chambres à gaz“ et le prétendu „génocide“ sont un seul et même mensonge. 4. Ce mensonge, qui est d'origine essentiellement sioniste, a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire. 5. Les principales victimes de ce mensonge et de cette escroquerie sont le peuple allemand et le peuple palestinien. 6. La force colossale des moyens d'information officiels a, jusqu'ici, assuré le succès du mensonge et censuré la liberté d'expression de ceux qui dénonçaient ce mensonge. 7. Les artisans du mensonge savent maintenant que leur mensonge vit ses dernières années ; ils déforment le sens et la nature des recherches révisionnistes ; ils nomment „résurgence du nazisme“ ou „falsification de l'histoire“ ce qui n'est qu'un juste retour au souci de la vérité historique. »
Le disciple Faurisson radicalisait ainsi ce qui n'avait été qu'esquissé par Rassinier. Celui-ci, en effet, avait peu traité des chambres à gaz dans ses ouvrages,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nadine FRESCO : historienne, chercheuse au C.N.R.S.
Classification
Autres références
-
ANTISÉMITISME
- Écrit par Esther BENBASSA
- 12 229 mots
- 9 médias
...négationnistes. Le Japon, pour sa part, développe un antisémitisme sans juifs et connaît une floraison récente d'écrits antisémites et négationnistes. Version dissimulée d'antisémitisme, le négationnisme est diffusé dans le monde entier par de pseudo-historiens depuis les années 1950. Il prend... -
SHOAH
- Écrit par Philippe BURRIN
- 5 912 mots
- 3 médias
Par sa monstruosité, la Shoah constitue un défi que n'affaiblit pas le passage du temps. Quelques-uns veulent, certes, « assassiner la mémoire » (selon l'expression de Pierre Vidal-Naquet) en niant ce que le génocide des juifs eut de plus spécifique, à savoir les chambres à gaz. D'autres veulent,... -
GÉNOCIDE
- Écrit par Louis SALA-MOLINS
- 8 501 mots
- 1 média
Ce qui dépasse l'entendement a du mal à cadrer avec l'intelligibilité de l'histoire et peut parfaitement servir l'idéologie. Aussi invraisemblable que la chose puisse paraître, ce basculement des faits à leur projection statistique et de cette projection statistique à leur négation s'est produit avec... -
IRAN - Histoire et politique
- Écrit par Christian BROMBERGER , Encyclopædia Universalis et Robert MANTRAN
- 22 388 mots
- 10 médias
...caricatures du prophète, publiées dans un journal danois en septembre 2005 et qui suscitèrent une vive émotion dans le monde musulman, l'Iran organisa un concours de caricatures sur l'Holocauste qui furent exposées à Téhéran en août 2006 (la plupart dressait un parallèle entre Israël et le régime hitlérien).... - Afficher les 8 références