- 1. Le mensonge obligé de l'extrême droite
- 2. Du pacifisme au négationnisme : Paul Rassinier
- 3. De l'hypercritique littéraire au négationnisme : Robert Faurisson
- 4. L'exploitation des circonstances
- 5. Des militants fourvoyés de l'ultra-gauche
- 6. Entre tentative de légitimation académique et coups médiatiques
- 7. Un réseau international
- 8. Les limites de la réplique
- 9. Bibliogaphie
NÉGATIONNISME
Entre tentative de légitimation académique et coups médiatiques
Depuis l'affaire Faurisson, tous les efforts des négationnistes se sont portés sur des opérations médiatiques préparées selon une double stratégie : celle de la légitimation et celle du scandale, « agent par excellence de la dissolution du consensus » (P. Loraux).
Sur le premier terrain, l'Université constituait une cible essentielle pour le succès de leur entreprise. En témoigne, en 1985, la tentative, soutenue par Faurisson et ses alliés de La Vieille Taupe, de faire obtenir à Nantes, grâce à un jury de complaisance, une thèse d'université à un négationniste. Ingénieur agronome à la retraite inscrit en histoire à l'université de Paris-IV, le candidat, Henri Roques, prétend, en usant des procédés hypercritiques systématiquement pratiqués par Faurisson, ôter tout crédit au témoignage portant sur les chambres à gaz de l'officier SS Kurt Gerstein. Roques se garde bien alors de rappeler son passé chargé de militant d'extrême droite, notamment le fait que, de 1953 à 1956, il avait été, sous le pseudonyme d'Henri Jalin, le secrétaire général d'un mouvement ouvertement fasciste et raciste, la Phalange française. Le jury de Nantes lui accorde la mention « très bien ». Trois de ses membres, son président, le germaniste de l'université de Lyon III Jean-Paul Allard, le directeur de thèse, Jean-Claude Rivière, professeur de littérature médiévale à Paris-IV, et le père mariste Pierre Zind, professeur d'histoire des religions à Lyon-II, sont liés au Groupement de recherche et d'étude pour la civilisation européenne (G.R.E.C.E.), principale organisation de la « nouvelle droite ». Le scandale n'éclate qu'au début de 1986, mais la tentative de légitimation est finalement déjouée : après une enquête révélant de multiples irrégularités dans l'inscription universitaire ainsi que dans la préparation et la soutenance de la thèse (dont une fausse signature, sur le procès-verbal de délibération, d'un membre du jury absent de la soutenance et de la délibération), le président de l'université de Nantes décide, le 3 juillet 1986, d'annuler la soutenance et de refuser la délivrance du diplôme. Cette décision fut confirmée par le Conseil d'État. Pour sa part, le ministre délégué chargé de la Recherche suspendait pour un an le directeur de thèse.
Au cours des années 1980 et 1990, divers cas de négationnisme apparaissent dans la recherche et l'enseignement français. Serge Thion, chercheur au C.N.R.S, spécialiste de l'Asie du Sud-Est, qui publie dès 1980 Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson. La question des chambres à gaz à La Vieille Taupe, collabore à l'organe fondé par Pierre Guillaume, Annales d'histoire révisionniste, et crée en 1996 un des sites Internet les plus prolifiques de la propagande négationniste, Aaargh, (Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste). La concordance de ces faits sur vingt ans avec l'utilisation de son appartenance au C.N.R.S. et la raréfaction de plus en plus manifeste de sa production scientifique pendant dix ans à mesure que se multipliaient ses textes négationnistes lui valent d'être finalement révoqué du C.N.R.S. en 2000. Bernard Notin, maître de conférences en sciences économiques à Lyon-III et membre du conseil scientifique de cette université, est suspendu en 1990 après la parution, dans la revue Économies et sociétés, de son article « Le Rôle des médiats [sic] dans la vassalisation nationale : omnipotence ou impuissance ? », où il traite du thème des chambres à gaz comme d'un exemple insigne de manipulation des masses par le pouvoir médiatique. La graphie du terme « médiat » affectée par l'auteur devient vite un signe de reconnaissance[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nadine FRESCO : historienne, chercheuse au C.N.R.S.
Classification
Autres références
-
ANTISÉMITISME
- Écrit par Esther BENBASSA
- 12 229 mots
- 9 médias
...négationnistes. Le Japon, pour sa part, développe un antisémitisme sans juifs et connaît une floraison récente d'écrits antisémites et négationnistes. Version dissimulée d'antisémitisme, le négationnisme est diffusé dans le monde entier par de pseudo-historiens depuis les années 1950. Il prend... -
SHOAH
- Écrit par Philippe BURRIN
- 5 912 mots
- 3 médias
Par sa monstruosité, la Shoah constitue un défi que n'affaiblit pas le passage du temps. Quelques-uns veulent, certes, « assassiner la mémoire » (selon l'expression de Pierre Vidal-Naquet) en niant ce que le génocide des juifs eut de plus spécifique, à savoir les chambres à gaz. D'autres veulent,... -
GÉNOCIDE
- Écrit par Louis SALA-MOLINS
- 8 501 mots
- 1 média
Ce qui dépasse l'entendement a du mal à cadrer avec l'intelligibilité de l'histoire et peut parfaitement servir l'idéologie. Aussi invraisemblable que la chose puisse paraître, ce basculement des faits à leur projection statistique et de cette projection statistique à leur négation s'est produit avec... -
IRAN - Histoire et politique
- Écrit par Christian BROMBERGER , Encyclopædia Universalis et Robert MANTRAN
- 22 388 mots
- 10 médias
...caricatures du prophète, publiées dans un journal danois en septembre 2005 et qui suscitèrent une vive émotion dans le monde musulman, l'Iran organisa un concours de caricatures sur l'Holocauste qui furent exposées à Téhéran en août 2006 (la plupart dressait un parallèle entre Israël et le régime hitlérien).... - Afficher les 8 références