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NÉGATIONNISME

Un réseau international

La France n'est que l'un des sièges de l'entreprise négationniste, qui s'est développée dans le même temps ailleurs en Europe et dans le monde et qui dispose depuis 1978 d'un organe d'échange et de communication basé à Los Angeles, l'Institut pour la révision historique (Institute for Historical Review) avec son Journal for Historical Review, fondé par l'éditeur d'extrême droite Willis Carto. La littérature négationniste constitue en fait un seul corpus, une vulgate constamment répétée, souvent dans des termes semblables, les variantes d'un même texte renvoyant les unes aux autres, d'un rédacteur à l'autre, de manière circulaire, à coups de citations et d'attributions mutuelles de titres supposés honorifiques, chargés d'impressionner le lecteur non informé en gratifiant l'entreprise d'une légitimité intellectuelle et sociale qui lui fait défaut. Parmi ces rédacteurs, reviennent notamment, à côté des Français Roques ou Faurisson : Arthur Butz, professeur associé d'informatique à la Northwestern University (Illinois), auteur en 1976 de l'ouvrage négationniste le plus diffusé dans le monde anglophone The Hoax of the Twentieth Century (L'Imposture du vingtième siècle) ; Wilhelm Stäglich, ancien magistrat allemand, auteur en 1978 du livre Der Auschwitz-Mythos (Le Mythe d'Auschwitz) ; Ernst Zündel, figure centrale des mouvements néo-nazis nord-américains et allemands ; Fred Leuchter, prétendu « expert », dont le rapport sur les chambres à gaz a été écarté par le juge comme « ridicule » et « absurde » lors du procès du précédent au Canada, en 1988 ; Germar Rudolf, autre « expert », doctorant en chimie à l'Institut Max-Planck de Stuttgart ; enfin le Britannique David Irving, seul historien de profession parmi ces plumitifs.

Les nouveaux moyens de communication informatique permettent désormais à ce type de discours d'être diffusé à l'échelle de la planète. Le Front national a été, en France, le premier parti à se doter, en 1995, d'un site sur Internet. Dans d'autres pays, notamment aux États-Unis, ce nouveau média a été rapidement utilisé par divers groupements racistes et formations d'extrême droite, auxquels Internet procure une force de propagande autrement plus efficace que la diffusion antérieure de pamphlets polycopiés ou les prises de parole devant des auditoires restreints et déjà acquis. La production négationniste y est également omniprésente, ses promoteurs cherchant à inonder le réseau de la même manière que Robert Faurisson saturait les rédactions des journaux français dans les années 1980, mais sur une tout autre échelle. La violence des textes antisémites sur les sites diffusant la littérature négationniste démontre à l'envi la collusion entre ces discours, et aussi jusqu'où est allée la dérive de la frange d'ultra-gauche, qui prétendait, en adhérant aux dénonciations faurissonniennes, œuvrer pour la révolution. Rassinier l'avait bien montré : il est rare que quelqu'un revienne de dérives de cette sorte, entamées bien avant d'être visibles, poussées par des ressentiments anciens mais demeurés imperceptibles jusqu'à ce qu'une cause telle que la cause antisémite, de manière autrement plus fondamentale que la cause révolutionnaire jusque-là proclamée, mobilise corps et âme ceux qui y trouvent enfin la vérité qu'ils cherchaient. Cette diffusion sur Internet montre aussi combien la rhétorique négationniste, née en Europe au sujet d'événements qui s'y sont déroulés, a été progressivement reprise, souvent au nom de l'islam, dans de nombreux pays arabes, où, malgré les protestations d'intellectuels indignés par le négationnisme et l'exploitation qui en est faite, Roger Garaudy est souvent salué pour[...]

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