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ROCKEFELLER NELSON ALDRICH (1908-1979)

Vice-président des États-Unis, Nelson Rockefeller aimait à se présenter lui-même comme « businessman, philanthrope et homme de gouvernement (government official) ».

Petit-fils de John D. Rockefeller, il bénéficia de tous les privilèges mais souffrit également de tous les inconvénients liés à cette situation. Son grand-père amassa ce que l'on a dit être la plus grande fortune privée au monde : il « valait », paraît-il, 1 milliard de dollars en 1900. Petit comptable, ayant fondé sa première compagnie pétrolière à vingt et un ans, le fondateur de la dynastie prit le contrôle des compagnies ferroviaires qui transportaient son pétrole et créa la Standard Oil (S.O. = Esso) en 1879. Il tenta de faire oublier par sa philanthropie ses méthodes aussi brutales que peu scrupuleuses.

Être le petit-fils d'un tel homme... et d'une telle fortune n'est pas nécessairement aisé, d'autant moins que, baptistes et parvenus, les Rockefeller restèrent longtemps exclus socialement – comme les Kennedy – par l'« aristocratie » du Nord-Est. Nelson Rockefeller n'ira pas dans les écoles les plus chics et fera ses études à la Lincoln School of Columbia University Teachers College puis à Darmouth College, où il obtient une licence en lettres. Il fait son apprentissage de businessman à la Chase National Bank et devient, à moins de trente ans, directeur du Rockefeller Center, récemment construit à New York, sur la Cinquième Avenue, par John D. Rockefeller. Dès 1935, son intérêt pour l'Amérique latine se cristallise, à la fois par les longs voyages qu'il y fait et par les investissements auxquels il procède : il gardera jusqu'à la fin de sa vie une propriété (élevage, 8 000 ha) au Venezuela et la copropriété de 50 000 hectares en Amérique latine. Très vite, cependant, il est piqué par la mouche politique. Bien que républicain, il travaille d'abord pour deux présidents démocrates, ce qui est fréquent aux États-Unis. Pour Franklin D. Roosevelt, il devient coordinateur, en 1940, en matière de défense, de commerce et d'affaires culturelles, des Affaires interaméricaines. En 1944, il est nommé secrétaire d'État aux Affaires étrangères et sera largement responsable du traité de Chapultepec, pacte d'assistance militaire mutuelle entre les nations américaines. En 1950, il devient conseiller du président Truman en matière de développement économique et, de 1953 à 1958, conseiller du président Eisenhower pour la réorganisation gouvernementale.

Mais ce qui hante l'héritier Rockefeller, c'est la présidence des États-Unis, après laquelle il courra pendant quinze ans... et qu'il n'obtiendra jamais. En 1960, il s'incline devant Nixon, lui ayant cependant extorqué, contre son retrait, un programme politique plus progressiste. En 1964, son divorce puis une naissance inopportune donnent la couronne républicaine à Barry Goldwater (qui subira une défaite cinglante contre Johnson). En 1968, c'est sa propre indécision qui sera largement responsable de son échec devant Richard Nixon. Il semblait se préparer à une quatrième tentative pour 1976, lorsque Gerald Ford le choisit comme vice-président en août 1974, après la démission du président Nixon : ce ne sera pas un tremplin vers la présidence, d'autant moins que le président Ford l'écarte, par opportunisme et pour flatter l'aile droite du parti républicain.

Celle-ci, en effet, hait Rockefeller et ne lui pardonnera jamais ses positions libérales, au sens américain du terme. Libéralisme tout relatif d'ailleurs. S'il est vrai que, durant toute une période au moins, Rockefeller fut libéral en matière sociale, et tout particulièrement sur la question des droits civiques, on peut aussi rappeler qu'il fut toujours parfaitement conservateur sur les problèmes fiscaux.

Autrement dit,[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

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