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FREIRE NELSON (1944-2021)

Nelson Freire - crédits : Catherine Shepard/ Bridgeman Images

Nelson Freire

Des dons en abondance attirèrent très tôt l'attention sur l'enfant prodige qu'était Nelson Freire. Le jeune pianiste brésilien se montra cependant un élève fantasque, attiré par toutes sortes de musiques populaires, et rétif à la discipline qu'impose une formation classique. L'interprète, dans sa maturité, ne séduira guère les médias. Sa carrière se développe par à-coups et la reconnaissance de l'évidence de son talent – aujourd'hui générale – sera bien tardive, notamment en Europe.

Nelson Freire naît le 18 octobre 1944 à Boa Esperança (Minas Gerais). Il révèle dès l'âge de trois ans d'étonnantes aptitudes pianistiques en reproduisant sur le clavier le jeu de sa sœur aînée. Pour assurer sa formation musicale, la famille s'installe à Rio de Janeiro. Le jeune Freire y prend les leçons de Nise Obino et de Lucia Branco qui a suivi l'enseignement d'Arthur De Greef, un disciple de Liszt et de Saint-Saëns. En 1957, alors qu'il a tout juste treize ans, il parvient en finale du premier concours international de Rio de Janeiro, en compagnie de concurrents beaucoup plus expérimentés tels que Tamás Vásáry et Agustin Anievas, devant un jury composé notamment de Guiomar Novães, Lili Kraus et Marguerite Long. Cette remarquable performance lui permet d'obtenir une bourse et de venir en Autriche se perfectionner auprès de Bruno Seidlhofer, le professeur de Friedrich Gulda. De ce séjour viennois (1959-1961), stérile en termes de récompenses, naîtra une durable amitié avec la pianiste Martha Argerich. Il se distingue en 1964 avec la médaille Dinu Lipatti qui lui est décernée à Londres et le premier prix (ex aequo avec Vladimir Krainev) du concours Vianna da Motta de Lisbonne. En 1968, Nelson Freire fait ses débuts au Wigmore Hall de Londres. L'année suivante, il donne à Los Angeles son premier concert américain avec le Premier Concerto pour piano de Bartók sous la direction de Pierre Boulez. En 1972, il reçoit le prix Edison pour son enregistrement des Préludes de Chopin.

Le nombre limité de ses récitals ainsi qu'une présence peu assidue devant les micros expliquent sans doute que Nelson Freire ait si longtemps manqué ses rendez-vous avec la célébrité. Très exigeant dans le choix de ses partenaires, il travaille avec peu de chefs d'orchestre : Rudolf Kempe (le concerto de Schumann, celui de Grieg, ainsi que le Premier Concerto de Tchaïkovski), Michel Plasson (les deux premiers concertos de Liszt), Riccardo Chailly (concertos de Brahms) ou encore Lionel Bringuier. Il s'associe avec Martha Argerich dans les partitions pour deux pianos et pratique la musique de chambre avec le violoncelliste Mischa Maisky et le Quatuor Pražák. Au concert comme au disque, il séduit aussi bien dans Mozart que dans Beethoven. Son domaine d'élection reste cependant le grand répertoire romantique. L'aisance, le naturel et la souplesse féline de son phrasé, le raffinement des coloris qu'il tire du clavier ainsi qu'une imagination toujours en éveil donnent à ses interprétations de Schubert, Chopin, Schumann et Brahms une pénétrante et séduisante saveur. Une brillante technique lui permet d'affronter, sans la moindre trace d'effort apparent mais avec autant de grâce que d'élégance, les pages les plus acrobatiques de Liszt ou de Godowski. Si Nelson Freire s'est intéressé par la suite à Debussy (les Préludes), il montre peu de goût pour la musique de son temps. Fidèle à ses racines sud-américaines, il s'impose en revanche comme un avocat particulièrement éloquent de la musique brésilienne : Heitor Villa-Lobos bien sûr, mais aussi Camargo Guarnieri, Henrique Oswald, Barrozo Netto, Oscar Lorenzo Fernândez, Cláudio Santoro ou Francisco Mignone. Quant à ses derniers enregistrements – Liszt (2011), Chopin (2015), Bach (2014) et Brahms (2017) –,[...]

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