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NÉO-GUELFISME

En 1843, l'abbé Vincenzo Gioberti publie en exil son Primato morale e civile degli Italiani : opposant la grandeur historique de son pays aux fausses valeurs propagées par la France, il propose son unification sous la forme d'un groupement des princes autour du pape, arbitre suprême. En 1845, ses Prolegomeni del Primato précisent sa théorie du néo-guelfisme (du nom des partisans du pape dans les luttes qui opposèrent le sacerdoce et l'Empire au Moyen Âge). Ce programme politique et son idéologie tranchent par leur modération sur les rêves de Giuseppe Mazzini et sur ceux de la génération antérieure. En 1848, l'avènement de Pie IX, pape libéral, semble lui donner les dimensions d'une prophétie. Le néo-guelfisme se structure en parti. Cependant le revirement du pape après les troubles révolutionnaires de 1848 rendra caduque cette construction théorique : Gioberti finit par prôner la formation d'une Italie unitaire sous direction piémontaise.

Le néo-guelfisme, sur le plan intellectuel, est la forme qu'a prise en Italie un mouvement culturel européen, le catholicisme libéral ; sa mythologie nationaliste se nourrit des souvenirs du temps où les papes menaient la lutte contre l'étranger (l'empereur germanique en l'occurrence). Mais l'idylle avec Pie IX, identifié à un nouveau Grégoire VII, devait être de courte durée.

— Gérard RIPPE

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