NÉO-LIBÉRALISME ou NÉOLIBÉRALISME
Les politiques économiques néo-libérales
Les considérations théoriques précédentes se retrouvent parfois dans l'argumentaire explicatif des politiques libérales à l'œuvre dans les deux dernières décennies du xxe siècle. Ces politiques ont reconnu la nécessité d'une ouverture des marchés de capitaux et, dans une moindre mesure, celle d'une ouverture du marché des biens et du marché du travail.
L'objectif des politiques néo-libérales est de créer un environnement propice à l'afflux des mouvements de capitaux, source d'épargne disponible pour l'investissement. Les facteurs réputés susceptibles de créer un tel environnement sont présentés comme devant être les suivants : réduction du poids de l'État pour faire baisser les impôts, contrôle strict de l'évolution de la masse monétaire pour prévenir les anticipations inflationnistes, privatisation des monopoles publics pour asseoir des structures de droits de propriété capitalistes sur des marchés rendus concurrentiels, abaissement du coût du travail pour réduire le chômage structurel. Tels furent les piliers des politiques néo-libérales qui se sont affirmées, avec des variantes selon les pays, durant les décennies de 1980 et de 1990.
Parallèlement, dans le débat théorique, l'économie de l'offre a justifié la réduction des dépenses publiques. Le monétarisme s'est imposé dans l'argumentaire des politiques de lutte contre l'inflation. Les modèles néo-walrasiens ont fourni les hypothèses favorables à la réduction du coût du travail. Les théories néo-institutionnalistes ont expliqué les fusions-acquisitions des grands groupes en termes d'efficience organisationnelle.
En apparence cohérentes, les politiques néo-libérales n'ont pas toujours atteint leurs objectifs, elles se sont même avérées contradictoires les unes avec les autres lorsqu'elles furent appliquées simultanément.
Les expériences américaine et britannique
Sous le premier mandat du président Reagan (1981-1984), les États-Unis ont ainsi éprouvé les difficultés de mener simultanément une politique monétariste en matière monétaire et une réduction des impôts obéissant aux préceptes des théories de l'offre. Les effets pervers du monétarisme se sont manifestés par une monnaie trop forte et des taux d'intérêt exorbitants qui, même s'ils ont attiré l'épargne spéculative mondiale, n'en ont pas moins déprimé l'investissement, les exportations, la croissance et l'emploi. Du coup, les rentrées fiscales firent défaut, d'autant que les baisses d'impôts bénéficiant aux entreprises et aux épargnants ne produisirent aucun effet, si ce n'est un creusement du déficit budgétaire.
Quant à la Grande-Bretagne, elle appliqua une politique monétaire similaire durant le premier mandat de Margaret Thatcher (1979-1983), qui avait choisi de retarder les baisses d'impôt pour ne pas creuser le déficit public. La croissance n'en fut pas moins contrainte par des taux d'intérêt excessifs et une monnaie surévaluée, ce qui provoqua la persistance d'un chômage important et ne permit pas d'enrayer le déclin industriel britannique, malgré la privatisation de nombreux monopoles publics.
L'Union européenne
La plupart des pays membres de l'actuelle Union économique et monétaire (U.E.M.) adoptaient également durant la première moitié de la décennie 1990 la combinaison d'une politique monétaire restrictive et d'une politique budgétaire de réduction conjointe des dépenses publiques et des impôts. Dans le même temps, des directives structurelles assuraient la mise en œuvre de marchés concurrentiels : libéralisation des marchés de capitaux, harmonisation des conditions de la concurrence sur le marché des biens, incitations à la flexibilité des salaires et de l'emploi sur le marché du travail pour[...]
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Écrit par
- Liêm HOANG NGOC : maître de conférences à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne
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Médias
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