NÉO-LIBÉRALISME ou NÉOLIBÉRALISME
Les régimes de croissance néo-libéraux
Dans de nombreuses régions du monde, les politiques néo-libérales ont contribué à consolider un régime de croissance macro-économique qualifié de néo-libéral. Au cœur de ce régime d'accumulation se trouve la redéfinition du partage salaire-profit en faveur des profits, à laquelle les politiques néo-libérales ont fortement contribué. En particulier, la réduction de la fiscalité pesant sur les entreprises, la désindexation des salaires sur les prix et une politique monétaire restrictive – les taux d'intérêt prohibitifs incitant au désendettement – ont autorisé ou incité les entreprises à restaurer leurs marges et leurs fonds propres. Ce mouvement n'a pas engendré une reprise significative de l'investissement et de l'emploi. Il a contribué à alimenter une épargne financière à caractère hautement spéculatif et extrêmement volatil.
Traits caractéristiques
Sur le plan micro-économique, les processus de croissance externe et de « financiarisation » des entreprises se sont développés, à la faveur de la dérégulation des marchés financiers. Les fusions-acquisitions-externalisations-restructurations ont pris la place des investissements de capacité. Sans créer d'activités nouvelles, en fusionnant des entreprises ou en en acquérant de nouvelles, les grands groupes se sont recentrés sur un noyau dur d'activités spécifiques restructurées, d'une façon semblable au schéma décrit par le modèle de « corporate governance » de Williamson (1985). Ils ont revendu ou externalisé leurs activités périphériques qu'ils gardent sous contrôle, notamment sous forme de sous-traitance. Ils mettent fortement en concurrence leurs petits fournisseurs. La norme de sanction du cours des actions des entreprises qui s'est affirmée sur les marchés financiers est devenue la valorisation à court terme de leurs fonds propres, dont le corollaire se matérialise par un ajustement à la baisse de la masse salariale. La contraction de l'emploi en est la principale conséquence lorsqu'une situation de croissance ralentie restreint les débouchés des entreprises.
Sur plan macro-économique, le régime de croissance est caractérisé par une inflation peu élevée, des taux d'investissement relativement bas et une consommation faible, alors que s'affirme une épargne excédentaire. Ces traits caractérisent l'économie européenne de la décennie 1990. Il en résulte une croissance structurellement faible et financièrement instable. Les marchés financiers sont certes dynamiques, mais ils sont menacés en permanence par un effondrement des cours, dû à un retournement des anticipations des gestionnaires de l'épargne, déplaçant leurs fonds d'une place financière à l'autre au jour le jour en fonction de critères de rentabilisation de très court terme. Cette volatilité est elle-même liée à une économie réelle où les perspectives des entreprises sont contraintes par un univers macro-économique ralenti.
Pérennité et disparité des zones économiques
Pour réelle qu'elle soit, la mondialisation néo-libérale, qu'il faut entendre plus exactement comme la mise en place de la mobilité parfaite des capitaux, a néanmoins maintenu une partition du monde économique en trois zones. Cette triade, pour reprendre l'expression de Kenichi Ohmae, délimite les zones d'influence de trois monnaies, le dollar, le yen et l'euro, elles-mêmes arrimées à trois sphères réelles définissant le continent américain, le continent asiatique et l'Union européenne. Chacune de ces trois zones possède ses caractéristiques spécifiques. Au-delà de l'enchaînement macro-économique idéal typique propre au régime central d'accumulation néo-libéral décrit ci-dessus (duquel le cas européen se rapproche le plus), chaque zone rencontre des difficultés de nature distincte.[...]
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Écrit par
- Liêm HOANG NGOC : maître de conférences à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne
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Médias
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