NÉOLITHISATION Afrique saharienne et subsaharienne
La « néolithisation » de l'Afrique saharienne et subsaharienne ne correspond pas au schéma élaboré dans le Croissant fertile du Moyen-Orient.
La néolithisation est l'une des notions les plus imprécises de la préhistoire africaine, si l'on excepte de ce jugement les ethnies bordières de la Méditerranée dont il ne sera d'ailleurs pas traité ici. La faute en est imputable, d'une part, aux systèmes chronologiques mis en place par les anciens colonisateurs, d'autre part, à la référence croissante à des systèmes paléosocioéconomiques fondés sur des données extérieures à l'Afrique, à laquelle ils s'adaptent mal.
Les systèmes chronologiques appliqués par les Européens se réduisent aujourd'hui à deux : le système anglo-saxon et le système français.
Le système anglo-saxon ne fait pas de référence précise aux caractères techniques des industries. Il est d'emploi généralisé dans tous les territoires de l'Afrique noire anglophone et fait survivre l'ancienne division en « âge ancien de la pierre » (old stone age), en « âge moyen de la pierre » (middle stone age) et en « âge récent de la pierre » (late stone age). On passe de l'un à l'autre stade par le canal de deux époques « intermédiaires » (first intermediate et second intermediate).
Le Néolithique est donc fondu impersonnellement dans le dernier stade (late stone age). La raison de ce choix est clairement formulée par J. D. Clark en 1965 et en 1967. Pour cet auteur, « l'application du terme « néolithique » en Afrique à des spécimens isolés ou à des assemblages d'outils qui possèdent une ou plusieurs des caractéristiques techniques des complexes industriels néolithiques – piquetage et polissage de la pierre, céramique, meules de pierre –, mais qui ne montrent aucun signe de domestication ou d'activité agricole, n'est pas justifié et cet emploi doit être abandonné. » Malgré quelques réserves, ce point de vue a fini par prévaloir et a donné lieu à de nombreux abus, car certains auteurs ont fini par dénier toute utilité à la typologie et ont donné corps à une sorte de « paléoéconomique fiction », les industries étant réduites à de simples indices sociométriques. La prise en compte du seul statut économique sur des bases recherchées à l'extérieur de l'Afrique a eu pour effet d'exclure du Néolithique les ethnies pour lesquelles il ne peut être démontré. Dans une telle perspective, une grande partie de l'Afrique se trouve arbitrairement privée du bénéfice d'avoir transité par le Néolithique avant d'en venir à la protohistoire et à l'histoire. Et cela même si des preuves différentes de néolithisation sont administrées.
Quant à lui, le système strictement français fait appel à des stades chronologiques plus détaillés (Paléolithique archaïque, Paléolithique inférieur, Paléolithique moyen, Paléolithique supérieur, Épipaléolithique, Mésolithique, Néolithique) et à des industries types servant de référence à chacun d'eux (Acheuléen, Moustérien, Capsien...). La préhistoire française accorde en effet une priorité absolue à la stratigraphie et à la typologie, cette dernière servant à déceler l'intelligence des hommes face à la nécessité de maîtriser le milieu. Bien entendu, une place convenable est réservée aux statuts socioéconomiques des hommes préhistoriques, bien que, pour de multiples raisons, les chercheurs francophones se soient beaucoup trop concentrés sur la seule typologie jusqu'à des temps très récents.
Les données exactes du Néolithique africain
Aux dommages causés par ces appréciations différentes du contenu de la préhistoire en général et du Néolithique en particulier, s'ajoute le fait actuel et regrettable du morcellement arbitraire provoqué par le partage colonial de l'Afrique.[...]
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Écrit par
- Henri-Jean HUGOT : maître de conférences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle
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