NÉOLITHISATION Afrique saharienne et subsaharienne
L'Afrique au Néolithique
Pour comprendre ce qu'était l'Afrique à cette époque, on peut étudier d'abord le Sahara il y a huit millénaires, ensuite le Néolithique et les régions forestières, enfin le Néolithique et le reste de l'Afrique.
Le Sahara il y a huit millénaires
Nous ne savons pas bien ce qui s'est passé entre l'Épipaléolithique et l'instauration du Néolithique dans le Sahara. Il semble qu'il existe, en plusieurs endroits, des voiles d'industries qui paraissent être situées dans le « hiatus ». Au nord, des industries comme celles de Tidikelt ou, au sud, celles qui furent découvertes et étudiées à l'Adrar Bous, ou encore les ensembles inédits trouvés en Mauritanie révèlent des ethnies qui sont provisoirement regroupées sous le vocable de « Paléolithique terminal » faute de savoir à qui les attribuer, mais qu'il est impossible de rapporter au late stone age, comme a tenté de le faire J. D. Clark. En définitive, nous ne connaissons pas encore les squelettes des hommes ayant habité le Sahara avant le VIIIe millénaire. Il se peut donc que la néolithisation se soit effectuée par l'arrivée de nouveaux occupants prenant progressivement possession des quelque huit millions de kilomètres carrés que compte cette région. Les squelettes humains retrouvés attestent un peuplement composé de Méditerranéens, de métis et de Noirs. On peut penser que les Blancs sont les descendants des Capsiens et des Ibéromaurusiens, mais nous ignorons encore dans quelle proportion des ethnies de l'est ont pu participer à la formation des néolithiques sahariens. Quant aux Noirs, leur présence est encore bien moins explicable en dépit du fait qu'ils semblent avoir été de tout temps les hôtes de la forêt. En définitive, la néolithisation du Sahara semble se traduire par la mise en place d'ethnies déjà porteuses de son contenu technique et culturel, sans que nous puissions davantage préciser où et quand cette mise en forme s'est réalisée.
Les fresques rupestres sahariennes, peintes ou gravées, les ossements mis au jour lors des fouilles ne laissent plus de doute sur le fait que les néolithiques sahariens avaient depuis longtemps tenté la domestication des bovidés qui ont formé le grand troupeau du Tassili n'Ajjer et celle d'un chien, le sloughi soudanais, qui est devenu l'un des plus étonnants chasseurs du monde. Par ailleurs, de nouvelles recherches montrent que, contrairement à ce qui a été cru longtemps sur la foi de travaux sommaires, à la même époque, les hommes implantés là où la multiplicité des abris naturels ne leur permet pas de s'abriter, construisent des huttes à pieux. Ces mêmes hommes, fuyant la sécheresse au début du IIe millénaire, ont construit, en pierre sèche, les sites à l'urbanisme sophistiqué et souvent savamment fortifiés que l'on rencontre entre le Dahr Tichitt et le Tibesti. Ainsi se trouve justifiée l'accumulation constante de belle et fine céramique, dont la taille et la fragilité interdisent le transport. Ce sont bien des sédentaires qui les ont façonnées. Ces bâtisseurs connaissent très tôt l'utilisation des graminées spontanées avant d'en venir à la recherche plus particulière du mil, mais, si l'élevage peut leur fournir le lait et la viande, ils semblent volontiers compléter leur régime par la chasse qui leur procure en abondance du gibier et de la venaison, et par la pêche qui les ravitaille en poisson. Les hypothèses nées à Méniet et à Amekni dans l'Ahaggar (Algérie) semblent donc se confirmer et déboucher sur un Néolithique vrai, caractérisé par une tendance à la sédentarisation et à l'élevage bien avant que l'on puisse parler d'une agriculture au sens européen du terme pour les raisons exposées plus haut. Soulignons ici que le blé et le mouton[...]
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Écrit par
- Henri-Jean HUGOT : maître de conférences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle
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