NEPTUNE, planète
Les satellites
Avant le survol de Neptune par la sonde Voyager-2, seuls deux satellites, Triton et Néréide, étaient connus. Ils sont dits irréguliers car leurs orbites sont insolites : Triton a un mouvement rétrograde sur une orbite très inclinée par rapport au plan équatorial de Neptune, et Néréide gravite sur une orbite fortement excentrique. En 1989, les images prises par Voyager-2 ont révélé six nouveaux satellites qui forment un système régulier tournant dans le sens direct sur des orbites circulaires et peu inclinées.
Triton a été découvert le 10 octobre 1846 par William Lassel, dix-sept jours seulement après la découverte de la planète elle-même. Avec un diamètre de 2 705 kilomètres, c'est l'un des plus gros satellites du système solaire. À cause des effets de marée avec Neptune (analogues à ceux qui existent entre la Terre et la Lune) et de son mouvement orbital rétrograde, Triton se rapproche inexorablement de la planète. Dans moins de 100 millions d'années, quand il ne sera plus qu'à 1 000 ou 2 000 kilomètres de Neptune, il pénétrera dans la limite de Roche de la planète et se brisera en fragments de quelques centaines de kilomètres qui subiront des collisions mutuelles : certains iront enrichir et embellir les anneaux, d'autres s'écraseront sur la planète.
Triton se présente comme un corps brillant dont la surface est géologiquement très jeune ; il possède des cratères volcaniques relativement récents et une atmosphère d'azote, comme la Terre et Titan. La taille, la masse, l'atmosphère ténue et beaucoup d'autres caractéristiques de Triton rappellent fortement la seule planète qui n'a pas encore été visitée par une sonde, Pluton. Pour plusieurs décennies, Triton nous offrira probablement la meilleure « vision » de Pluton que nous puissions avoir !
L'orbite de Triton suggère que celui-ci a été capturé il y a bien longtemps par Neptune, par exemple en entrant en collision avec un satellite de Neptune qu'il a détruit au passage, ou en étant freiné par le nuage de gaz et de poussière qui entourait probablement la planète au moment de sa formation. Triton aurait ensuite gravité sur une orbite excentrique autour de Neptune. Les effets de marée auraient alors freiné son mouvement et rendu son orbite circulaire au bout de 1 milliard d'années environ. Dans ce processus d'échange d'énergie, Triton aurait été chauffé et différencié : les éléments les plus lourds seraient tombés au centre, formant un noyau rocheux, tandis que les constituants plus légers et plus volatils se seraient condensés dans le manteau et la croûte.
Les images transmises par Voyager-2 dans la nuit du 24 au 25 août 1989 ont révélé que Triton, le corps le plus froid du système solaire (– 235 0C, soit 38 K), est beaucoup plus actif qu'on ne le soupçonnait. De la taille de la Lune, Triton est loin d'être un astre mort : comme la Terre et Io, il possède des volcans actifs. Au moins quatre éruptions de type geyser (mais d'une échelle beaucoup plus grande que sur la Terre) ont été détectées sur les images prises par Voyager-2. Des colonnes de matériau sombre de quelques dizaines de mètres à 1 kilomètre de diamètre s'élèvent verticalement jusqu'à 8 kilomètres d'altitude, où elles forment des nuages sombres entraînés par les vents sur plus de 100 kilomètres. La cause de ces éruptions n'est pas encore comprise. Toutefois, leur localisation à proximité du point subsolaire suggère que la source d'énergie de ce phénomène est d'origine solaire. Un modèle fait intervenir un effet de serresous la surface de Triton, en admettant que celle-ci a une conductivité très faible : juste sous la surface transparente, le Soleil chaufferait la glace d'azote qui, sublimée et comprimée, exploserait en entraînant des glaces et[...]
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Écrit par
- André BRAHIC : professeur de classe exceptionnelle à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
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