NERVEUX (SYSTÈME) Neurogenèse et évolution
Quelques principes généraux d'organisation évolutive
Si, abandonnant les aspects spéculatifs sur l'origine des éléments nerveux, nous considérons maintenant l'organisation anatomique du système nerveux des espèces actuelles en allant des plus simples jusqu'aux plus complexes et en admettant que cette hiérarchie actuelle reflète, avec les réserves exprimées plus haut, l'évolution progressive du système nerveux dans le temps, nous pouvons essayer de retrouver quelques traits généraux significatifs.
Dans une première étape, le système nerveux apparaît comme un ensemble d'éléments cellulaires diffus, formant une sorte de réticulum au sein duquel les neurones n'ont qu'une faible tendance à se grouper en des points de concentration privilégiés. Il n'est en outre pas possible d'identifier clairement un plan d'organisation, et la géométrie du système s'accorde simplement aux caractéristiques morphologiques grossières de l'espèce animale considérée. C'est la disposition que l'on peut observer facilement dans les groupes très rudimentaires, tel celui des cœlentérés.
Centralisation
Un premier trait de perfectionnement se manifestera avec l'apparition de la centralisation, cela signifiant que les éléments nerveux vont tendre à se grouper en amas cellulaires de plus en plus importants et de moins en moins nombreux, amas réunis entre eux par des faisceaux de fibres nerveuses, ou connectifs. D'autre part, lorsque les espèces ont acquis une symétrie bilatérale, cela à partir des plathelminthes (les cœlentérés et les échinodermes ayant une symétrie radiaire ou axiale), on se rend compte que les concentrations d'éléments nerveux n'ont pas une disposition quelconque mais qu'elles tendent à se distribuer linéairement suivant un certain nombre d'axes longitudinaux (huit dans les groupes les plus primitifs), disposés symétriquement de part et d'autre du plan dorso-ventral et reliés entre eux par des commissures transversales (fig. 1), ce qui donne à l'ensemble du système une disposition orthogonale (théorie de l'orthogone). À partir des cordons longitudinaux, par un certain nombre de disparitions ou de fusions, on peut assez facilement retrouver le plan général d'organisation du système nerveux des différents phylums, le perfectionnement semblant aller de pair avec une réduction progressive du nombre de ces cordons. Il s'agit là d'une théorie séduisante et assez bien accordée aux faits, mais dont il est bien entendu impossible d'affirmer qu'elle est exacte.
Céphalisation
Les progrès de la centralisation vont, d'autre part, se refléter de façon particulièrement évidente dans le phénomène de la céphalisation qui amène une concentration privilégiée et de plus en plus importante d'éléments nerveux à une des extrémités de l'animal : la tête, où se trouvent également rassemblées l'entrée du tube digestif, la plus grande densité d'éléments récepteurs ainsi que les plus hautement spécialisés (photorécepteurs, chémorécepteurs, mécanorécepteurs). Cette concentration nerveuse peut se faire par migration vers l'extrémité céphalique d'amas ganglionnaires existant en position plus caudale dans d'autres espèces (cas général chez les invertébrés) ou par adjonction et superposition d'amas néoformés de cellules nerveuses, ce qui semble être le cas chez les vertébrés. Il faut aussi relever que ce processus de céphalisation s'est développé, d'une part, en allant des groupes les plus simples aux groupes les plus évolués (elle est nulle chez les cœlentérés et les échinodermes, minimale chez les plathelminthes, maximale chez les vertébrés) ; mais, d'autre part, à l'intérieur d'un même phylum, le processus de céphalisation peut se trouver à des niveaux d'avancement très différents. Dans le cas des mollusques, par exemple chez les amphineures qui semblent être[...]
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Écrit par
- Paul LAGET : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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