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NESSOS PEINTRE DE (dernier quart VIIe s. av. J.-C.)

Parmi les quelques peintres de vases attiques de la fin du ~ viie siècle, celui que l'on appelle d'ordinaire le Peintre de Nessos (ou Nettos), d'après le nom du centaure représenté sur le col d'une grande amphore d'Athènes (Musée national, no 1002) qui constitue son œuvre principale, est la personnalité artistique qui se détache de la façon la plus nette, avec une trentaine de vases ou de fragments à lui attribués. Héritier, par certains côtés, de la tradition des peintres qui ont décoré, depuis la fin du ~ viiie siècle, les vases dits protoattiques, influencé en outre par la céramique protocorinthienne, puis corinthienne proprement dite, à partir des années ~ 620 environ, le Peintre de Nessos porte à son point d'achèvement technique le procédé inventé, semble-t-il, un demi-siècle plus tôt par quelques peintres protocorinthiens et appelé peinture à figures noires. Il contribue d'une façon décisive à la généralisation dans les ateliers d'Athènes de cette technique qui va être florissante pendant plus d'un siècle et s'y perpétuera, sous une forme souvent abâtardie mais largement représentée jusque vers le milieu du ~ ve siècle, et même bien au-delà pour certains types de vases particuliers (amphores panathénaïques).

Alors que les peintres du style protoattique pratiquaient dans leur grande majorité le dessin au trait de contour combiné avec la pure silhouette noire (précisée quelquefois par de rares incisions), le Peintre de Nessos n'utilise que la technique des figures noires, c'est-à-dire un rendu des représentations figurées par des silhouettes noires enrichies d'incisions nombreuses et de rehauts de couleurs vives, principalement rouge foncé à rouge violacé. Malgré cette différence d'ordre technique, il conserve de ses prédécesseurs athéniens le goût pour les vases de grande taille (amphores et cratères), sur lesquels il représente volontiers des figures elles aussi grandes, tantôt isolées ou héraldiquement affrontées, surtout au début de son activité, tantôt intégrées dans des tableaux relativement amples. Les éléments de remplissage d'origine végétale, en particulier les rosettes d'inspiration corinthienne, restent nombreux.

De sa première manière proviennent une dizaine de vases ou fragments décorés, dans la tradition orientalisante, de grands animaux réels ou fantastiques (chimères, sphinx, sirènes, griffons, lions, taureaux), au point que l'on a longtemps attribué ces œuvres à un peintre particulier que l'on appelait Peintre de la chimère, jusqu'au moment où l'on s'est aperçu, grâce à des œuvres nouvellement découvertes qui permettaient de faire la transition, que ces vases étaient, en fait, très probablement des productions primitives, au caractère souvent statique, du Peintre de Nessos.

De sa maturité datent des représentations de scènes plus ambitieuses, d'inspiration souvent mythologique, telles la fuite de Persée devant les Gorgones et des Harpies devant les Boréades sur un cratère jadis conservé à Berlin (Staatliche Museen, no 1682, disparu pendant la guerre), ou la délivrance de Prométhée par Héraklès sur un cratère d'Athènes (Musée national, no 16384), ou à nouveau les Gorgones, énormes, qui apparaissent sur la panse de l'amphore dont le col nous montre l'attaque par Héraklès du centaure Nessos (nommé Net(t)os par l'inscription qui l'accompagne, d'où le doublet « Peintre de Nessos » ou « de Nettos »), qu'il va tuer pour venger sa femme Déjanire de la violence que le monstre a tenté de lui faire subir. Le dessin s'efforce alors d'être expressif et de rendre en particulier l'animation des scènes, même si les gestes quelque peu anguleux des personnages donnent une impression de mouvement saccadé. Les visages sont en général mal proportionnés, le nez et l'œil restant trop gros, mais ils peuvent[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'archéologie d'Athènes, docteur ès lettres, professeur de civilisation grecque à la Sorbonne (Paris IV)

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