- 1. L'imagerie du fonctionnement cérébral
- 2. L'étude des processus cognitifs repose sur une combinaison de techniques
- 3. Enregistrements unitaires et nature des représentations neurales
- 4. L'I.R.M.f. et les neurosciences cognitives comparatives et développementales
- 5. Interactions sociales et neurosciences cognitives
- 6. Neurosciences cognitives et interfaces cerveau-machine
- 7. Neurosciences cognitives : limites et éthique
NEUROSCIENCES COGNITIVES
Interactions sociales et neurosciences cognitives
Dans toute tâche cognitive, les décisions d'un individu dépendent tout à la fois de ses motivations internes et des conséquences de ces décisions sur le réseau social complexe auquel il appartient. Décoder les émotions et les intentions d'autrui d'après ses expressions faciales et la direction de son regard est indispensable pour établir des relations sociales harmonieuses. Les neurosciences cognitives ont beaucoup progressé pour cerner les substrats neuronaux dont dépendent des émotions telles que la peur, le dégoût, la colère. Encore faut-il pouvoir interpréter cette émotion ou ce regard. Un enfant autiste sait reconnaître la direction du regard de l'autre, mais ne sait pas l'interpréter pour en déduire le centre d'intérêt ou le désir de l'autre.
Interagir, c'est aussi anticiper les conséquences de l'action d'autrui et utiliser les erreurs de l'autre pour adapter son propre comportement. Quel codage neuronal se trouve à la base de telles capacités ? Depuis quelques années, des protocoles très astucieux faisant interagir deux voire trois singes ont permis d'obtenir de très intéressantes données. Les chercheurs ont pu montrer qu'un singe savait utiliser les erreurs d'un autre singe qu'il observait pour adapter son propre comportement. Ils ont mis en évidence, dans le lobe frontal, une population neuronale qui code de façon tout à fait spécifique les erreurs commises par le singe observé ! D'autres neurones anticipent même la conséquence (récompense ou non) des décisions du singe observé. Ces études demandent le conditionnement complexe de plusieurs singes et de nombreux contrôles, mais les neurosciences cognitives se développent dans le domaine des interactions sociales et vont permettre de caractériser les processus neuronaux sous-jacents et de mieux comprendre les dysfonctionnements du comportement social associés à certaines pathologies.
Les neurosciences cognitives devraient malgré tout atteindre ici une de leurs limites, car, chez l'homme, au-delà de ses rapports avec l'autre, il leur faudrait prendre en compte des dimensions telles que l'histoire ou l'identité culturelle des individus.
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Écrit par
- Michèle FABRE-THORPE : directrice de recherche de première classe CNRS
- Simon THORPE : directeur de recherche de première classe, CNRS
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