- 1. L'imagerie du fonctionnement cérébral
- 2. L'étude des processus cognitifs repose sur une combinaison de techniques
- 3. Enregistrements unitaires et nature des représentations neurales
- 4. L'I.R.M.f. et les neurosciences cognitives comparatives et développementales
- 5. Interactions sociales et neurosciences cognitives
- 6. Neurosciences cognitives et interfaces cerveau-machine
- 7. Neurosciences cognitives : limites et éthique
NEUROSCIENCES COGNITIVES
Neurosciences cognitives : limites et éthique
Avec l'essor des neurosciences cognitives, quelques rêves semblent ainsi presque réalisables… Va-t-on pouvoir déterminer les corrélats cérébraux du mensonge, de la conscience, voire lire dans les pensées d'autrui ? Va-t-on pouvoir modifier ou décupler nos capacités en stimulant notre cerveau ?
Les premières sociétés et conférences s'interrogeant sur la neuro-éthique apparaissent peu après l’an 2000. A-t-on le droit d'imager ainsi l'espace « cérébral » intime des sujets ? A-t-on le droit de modifier durablement le fonctionnement cérébral par des stimulations cérébrales, même si elles sont non invasives comme les stimulations magnétiques transcrâniennes ? Qu'en est-il de la neuro-amélioration ? La modification du fonctionnement cérébral peut être faite dans un but de réhabilitation ou dans un but de correction de conduites agressives ou dépressives pour un retour à la normale, mais qu'en est-il lorsqu'il s'agit d'aller au-delà du normal, de repousser les limites cognitives de l'individu pour répondre au culte de la performance ? Quels retentissements pour la société ?
Il est clair que le potentiel des recherches en neurosciences cognitives a suscité la curiosité d’un grand nombre de personnes aux intérêts – politiques, idéologiques, industriels, économiques – très divergents…
En imagerie cérébrale, des publications sont parues sur les corrélats neuronaux des préférences sexuelles, de l'amour maternel, ceux de la haine, des capacités d'empathie, du racisme, du mensonge… Schématisé par la diffusion médiatique, le message retenu par le grand public va bien au-delà de l'état de nos connaissances comme des capacités actuelles des techniques. L'I.R.M.f. ne mesure pas l'activité cérébrale directement, mais le signal B.O.L.D., et les données finales sont obtenues en faisant la moyenne d’un grand nombre d'images provenant d’un grand nombre de sujets. Or l'anatomie du cerveau et les activations cérébrales observées sont très variables d'un sujet à l'autre. Ces variations individuelles sont actuellement un obstacle majeur pour qui souhaite interpréter l'activation cérébrale d'un individu précis. La mosaïque de nos connaissances est bien trop incomplète pour permettre aux scientifiques d'attribuer un trait de personnalité quelconque à un individu à partir des activations de son cerveau. C'est même à l'heure actuelle un jeu dangereux. L'une des applications les plus discutées concerne l'utilisation de l'I.R.M.f. comme « détecteur de mensonge ». Même si certains scientifiques ont mis en évidence de possibles corrélats neuronaux du mensonge, l'utilisation banalisée de cette technique, dans une cour de justice par exemple, est totalement irréaliste. Et pourtant, aux États-Unis, au moins deux entreprises commercialisent des détecteurs de mensonges basés sur l'I.R.M.f.
Il est maintenant devenu crucial de contrôler l'instrumentalisation des données obtenues en neurosciences cognitives dans des domaines aussi variés que la maladie mentale, la responsabilité juridique, l'éducation, l’enseignement et les méthodes pédagogiques, les problèmes de l’adolescence, et même la religiosité et l’existence de Dieu.
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Écrit par
- Michèle FABRE-THORPE : directrice de recherche de première classe CNRS
- Simon THORPE : directeur de recherche de première classe, CNRS
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