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NEUROSCIENCES SOCIALES

Les principes fondamentaux guidant les neurosciences sociales

Le principe du déterminisme multiple

Ce principe stipule qu’un comportement identifié à un niveau d’organisation peut être le résultat de l’action de plusieurs facteurs localisés à des niveaux différents d’organisation et de leurs interactions.

Par exemple, les études qui se sont penchées sur l’abus de drogues ont mis en évidence, d’une part, la contribution de facteurs neurobiologiques individuels localisés dans le système des récepteurs opioïdes endogènes alors que, d’autre part, les enquêtes ont noté le rôle important du contexte social et du statut social de la personne. Notre compréhension de l’abus de drogues est incomplète si l’on ne tient pas compte à la fois des différences individuelles au niveau des récepteurs dans le cerveau et de leur interaction avec le contexte social.

Dans la même direction multifactorielle, alors que les fonctions immunitaires étaient autrefois considérées comme reflétant les réponses physiologiques spécifiques et non spécifiques à des agents pathogènes ou des tissus endommagés, il est clair aujourd’hui que les réponses immunitaires sont influencées par des processus nerveux centraux qui, à leur tour, sont modulés par des interactions sociales. Une bonne compréhension de l’immunocompétence humaine dans la vie quotidienne sera ainsi insuffisante sans la prise en compte de facteurs sociaux et comportementaux.

Une conséquence du principe du multidéterminisme est donc que les théories globales du comportement nécessitent un examen de la contribution potentielle de facteurs localisés à différents niveaux d’organisation et l’analyse fine de leurs interactions.

Le principe du déterminisme non additif

Le principe du déterminisme non additif spécifie que les propriétés de l’ensemble ne sont pas toujours réductibles à la simple somme des propriétés des parties.

Il peut être illustré par l’étude des effets de l’amphétamine sur le comportement des primates. Le comportement de primates non humains a été étudié à la suite de l’administration d’amphétamine ou de placebo afin d’examiner si les animaux sous amphétamine manifestaient un accroissement des conduites de dominance. Au terme de premières analyses, aucune tendance claire n’a émergé entre les conditions sous médicament et sous placebo. Les résultats ont été très différents lorsque les analyses ont tenu compte de la position de chaque primate dans la hiérarchie sociale : l’amphétamine avait augmenté le comportement dominant chez les primates occupant une position élevée dans la hiérarchie sociale, et avait aussi augmenté les comportements de soumission chez les primates situés au bas de la hiérarchie sociale. Cette étude démontre que les effets de l’amphétamine sur le comportement des primates seraient restés opaques si l’analyse n’avait pas été étendue au niveau de leur organisation sociale. Une analyse strictement physiologique, quelle que soit la sophistication de la technologie de mesure utilisée, n’aurait pas révélé l’interaction qui existe entre un tel stimulant et une position sociale.

Le principe du déterminisme réciproque

Le principe du déterminisme réciproque précise qu’il peut exister des influences réciproques entre les facteurs biologiques et sociaux dans la détermination des comportements.

Par exemple, le statut socio-économique influence la cognition et la réussite scolaire en grande partie à cause de ses effets sur le développement du cerveau durant l’enfance. Parmi les médiateurs de cet effet top-down, on trouve des facteurs prénataux, les soins parentaux et la stimulation cognitive. Les différences dans le développement neurologique, à leur tour, affectent le fonctionnement exécutif, la réussite scolaire et le statut socio-économique ultérieur.

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Écrit par

  • : professeur de psychiatrie et de psychologie à l'université de Chicago, Illinois (États-Unis)

Classification

Média

Régions cérébrales impliquées dans la morale - crédits : Dr. Jean Decety/ University of Chicago

Régions cérébrales impliquées dans la morale

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