NEUROSÉCRÉTION
Le concept de neurosécrétion est accepté aujourd'hui par tous les biologistes. Il s'agit, comme l'a souligné en 1966 W. Bargmann, « de la production et de l'excrétion d'hormones par des cellules nerveuses qui ont aussi les caractères cytologiques de cellules sécrétoires ».
On savait depuis longtemps que, stimulées, les fibres nerveuses sympathiques libéraient une substance voisine de l'adrénaline (K. A. Eliot, 1904), que les fibres parasympathiques produisaient le même effet que l'acétylcholine (H. Dale, 1914) ; mais bien que la première démonstration expérimentale de la libération d'une substance vagale date de 1921 (O. Loewi) et l'identification de la « sympathine » (noradrénaline) de 1946 (H. von Euler), la naissance du concept de neurosécrétion (E. Scharrer et W. Bargmann, 1950) apparaît entourée d'une atmosphère de scandale.
Cette fois, en effet, il ne s'agissait plus d'admettre qu'un nerf pouvait agir sur un organe cible par l'intermédiaire d'un médiateur chimique ; il fallait admettre que certains neurones pouvaient élaborer, stocker, transporter et excréter de véritables hormones telles que les hormones « posthypophysaires », que l'on savait extraire de cette partie de l'hypophyse, mais que l'on croyait jusque-là synthétisées sur place.
Si la classification rigide séparant les propriétés de la cellule nerveuse de celles de la cellule glandulaire est ainsi devenue caduque, il faut cependant se demander si la tendance actuelle de minimiser les différences entre la cellule nerveuse de type classique et la cellule neuroglandulaire est justifiée. On constate bien que toutes les terminaisons nerveuses (que leurs axones appartiennent à des cellules nerveuses ordinaires ou à des cellules neuroglandulaires) renferment des vésicules dites synaptiques et que, d'ailleurs, les fonctions de conduction de tous ces neurones sont identiques. D'un autre côté, de nombreux neurones (par exemple noyau arqué) qui ne sont pas catalogués parmi les cellules neuroglandulaires contiennent, comme le montre la microscopie électronique, des granules élémentaires à cœur dense ; morphologiquement, rien ne les distingue vraiment des cellules neuroglandulaires, si ce n'est que leurs fibres se terminent sur d'autres formations nerveuses ou des cellules, c'est-à-dire que la substance libérée au niveau de ces terminaisons n'exerce qu'une action locale de transmission neurohumorale. Un tel mécanisme est différent d'une action hormonale qui agit à distance et par la voie sanguine, les deux cas relevant pourtant de « messages chimiques ».
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Écrit par
- F. STUTINSKY : professeur, directeur de l'Institut de physiologie et de chimie biologique, université Louis-Pasteur, Strasbourg
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