NEUVIÈME PLANÈTE
Existence d’une planète 9
Avec ses 1 000 kilomètres de diamètre seulement, Sedna ne peut pas être considérée comme une planète ; elle appartient, comme Pluton, à la catégorie des planètes naines. La recherche d’une planète additionnelle dans le système solaire connaît un renouveau quand Trujillo et Scott Sheppard publient en 2014 la découverte de 2012 VP113, un objet comparable à Sedna, avec un diamètre de 600 kilomètres, un demi-grand axe de 259 ua, et une excentricité de 0,69. C’est la preuve que Sedna n’est pas un objet isolé, mais ce qui surprend les découvreurs est la ressemblance des orbites de Sedna et de 2012 VP113 et de leur orientation. Ces scientifiques supposent alors que cette similitude n’est pas liée au hasard mais résulte d’une interaction avec un autre corps très massif, une super-Terre, qui pourrait être selon eux situé à 250 ua.
Ce travail a relancé l’intérêt d’une recherche d’objets massifs dans le système solaire, et l’hypothèse d’une planète additionnelle est largement renforcée en janvier 2016 quand une équipe de Caltech (California Institute of Technology) publie une étude dynamique qui vient à l’appui de ce scénario. Konstantin Batygin et Michael Brown montrent que l’existence d’une super-Terre de dix fois la masse de notre planète, et de forte excentricité (orbite très elliptique), avec un demi-grand axe de l’ordre de 700 ua pourrait expliquer la distribution singulière des objets de Kuiper lointains. Selon leur hypothèse, après la phase de formation initiale du système solaire, il subsisterait un ensemble d’objets de Kuiper avec une répartition aléatoire des orbites, mais la présence de ce compagnon de forte masse agirait sur la stabilité des orbites et conduirait à l’éjection d’une partie de ces objets, pour ne laisser subsister que ceux dont les orbites sont orientées à l’opposé de la direction de cette planète hypothétique. Pour que ce scénario existe, cette planète doit avoir une forte masse (les auteurs proposent 10 masses terrestres), une forte excentricité (0,6) et sans doute aussi une forte inclinaison de son orbite par rapport à l’écliptique (30 degrés).
Un tel objet ne serait pas incongru dans notre système solaire. En effet, depuis la découverte de la première planète extrasolaire en 1995, on en connaît maintenant plus de 3 400 et il est possible d’estimer leur masse et d’en établir des statistiques. Ces dernières montrent que les planètes extrasolaires (encore appelées exoplanètes) les plus communes pourraient justement être des super-Terres, corps célestes intermédiaires entre la Terre et Neptune (17 masses terrestres). Ces objets sont jusqu’à présent inconnus dans le système solaire, et la découverte d’une telle neuvième planète viendrait combler cette lacune en renouvelant la compréhension des mécanismes de formation du système solaire.
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Écrit par
- Jacques LASKAR : astronome à l'Observatoire de Paris, directeur de recherche au CNRS, membre de l'Académie des sciences et du Bureau des longitudes
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