NEVERS
Nevers (36 480 hab. en 2013), préfecture de la Nièvre, est née sur une butte (où s'élève la cathédrale) dominant le confluent de la Loire et de la Nièvre. L'occupation du site est ancienne ; si on doute aujourd'hui que Nevers ait été la NoviodunumAeduorum dont fait mention César, on sait que la ville gallo-romaine reçoit une enceinte au ive siècle, devient burgonde puis franque ; Clovis y favorise la création d'un évêché.
Placée à la tête d'un comté puis d'un duché (1538), la ville passe de main en main par héritage ou par achat. Le xie siècle voit se construire la remarquable église romane Saint-Étienne et la base de la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Juliette, le xiie siècle la majeure partie de la cathédrale et une deuxième enceinte. Le xve siècle lègue la belle porte fortifiée du Croux et voit le début de la construction du palais ducal, terminé au xvie siècle. Lorsque le duché passe aux Gonzague de Mantoue, à la fin du xvie siècle, la fabrication de la faïence d'art, importée d'Italie, se développe pour atteindre son apogée au xviie siècle, période où fut érigée l'église Saint-Pierre. Le couvent Saint-Gildard, fondé au xixe siècle, surtout célèbre pour avoir accueilli Bernadette Soubirous à la fin de sa vie, devient un important lieu de pèlerinage. Jusque dans la première moitié du xixe siècle, Nevers vit de son rôle administratif (civil et religieux), de son commerce, notamment portuaire, des faïenceries (1 200 emplois à la fin du xviiie siècle) et de nombreuses forges.
Dans la seconde moitié du xixe siècle, le déclin de la navigation sur la Loire est compensé par la mise en place d'un carrefour ferroviaire, induisant la création d'ateliers d'entretien du matériel vers 1920, et de la cité ouvrière de Vauzelles ; la ville connaît une certaine industrialisation entre les deux guerres (Thomson). Après 1945, elle bénéficie de délocalisations (Alfa-Laval) et de nouvelles implantations (Neiman, Facom, Selni) qui compensent les pertes des industries traditionnelles, métallurgiques notamment ; la population augmentant, l'agglomération se dote de grands ensembles. Avec la crise économique de 1974, la région a été durement touchée par la réduction des emplois industriels : près du quart entre 1982 et 1990, la baisse continuant après 1990.
La ville et sa petite nébuleuse urbaine offrent, dans les années 2010, un peu plus de 7 000 emplois industriels, notamment à Imphy dans les aciers spéciaux (Aperam, ex-ArcelorMittal) et, à Nevers même, dans l'équipement automobile (Valeo, Gates SAS) et dans divers établissements : Philips (repris par Bavaria), Look Fixations, SELNI. Autour du circuit automobile de Magny-Cours et de son école d'ingénieurs s'est développé un réseau de petites entreprises liées à l'automobile. Dans l'agglomération même, l'industrie procure à peine plus de 15 p. 100 des emplois.
En effet, le secteur tertiaire fournit désormais plus des trois quarts des emplois, essentiellement dans les services (l'hôpital, la S.N.C.F., le département) ; les décentralisations universitaires (licence en droit, école d'ingénieurs) ont renforcé le prestige de la ville qui reste cependant très dépendante de Paris pour certains services. Le secteur commercial exerce son attraction sur une large partie du département. L'agglomération (60 100 habitants en 2013) a bénéficié de l'arrivée de l'autoroute A77 qui place Nevers à seulement deux heures de Paris.
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Écrit par
- Robert CHAPUIS : professeur émérite, université de Bourgogne
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