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NÉVROSE (histoire du concept)

Névrose infantile et névrose de transfert

Les notions qui précèdent constituent une élaboration théorique de ce qu'on observe dans la clinique et le traitement des névroses. Un certain nombre de malades névrosés ont l'impression que leurs troubles ont eu un début franc, datable avec précision. C'est souvent le cas des malades atteints de phobies. Les obsessionnels ont généralement le sentiment d'avoir depuis longtemps quelques tendances au doute, au scrupule ou à la méticulosité, mais ils peuvent également retrouver le moment de leur vie à partir duquel les obsessions sont devenues une source de souffrance.

En revanche, si l'on prend ces mêmes malades en cure psychanalytique, dès que commencent la remémoration et l'élaboration propres à cette thérapeutique, cette mutation, considérée au premier abord comme le début de la maladie, perd progressivement son importance. Les conflits sous-jacents et les souvenirs d'angoisse qui s'y rattachent paraissent de plus en plus anciens. La névrose dont souffre le malade à l'âge adulte paraît liée à l'activation d'une névrose infantile, dont la résolution provisoire avait laissé le sujet mal préparé à affronter les situations de la vie adulte et à satisfaire des désirs, toujours aussi interdits, toujours aussi angoissants, malgré les profondes transformations qu'ils paraissent superficiellement avoir subies. Notons à ce sujet que, dans l'histoire de la psychanalyse, l'exemple le plus saisissant de reconstitution, chez un adulte, d'une névrose infantile ayant laissé des rejetons pathogènes est celui de l'« Homme aux loups », publié par Freud en 1918.

La capacité de certains malades à « transférer » les conflits infantiles sur le psychanalyste, au cours de la cure, a conduit Freud à grouper, sous l'expression de névroses de transfert, l'hystérie de conversion, la phobie (ou hystérie d'angoisse) et la névrose obsessionnelle.

Le complexe d'Œdipe est une contradiction que doit dépasser chaque enfant, tout au moins dans les sociétés occidentales contemporaines. Les conflits intrapsychiques observés dans les sociétés où les structures familiales sont différentes constituent d'ailleurs un intéressant problème.

La clinique et la psychanalyse des enfants ont montré qu'à l'âge où le conflit œdipien est le plus intense, de nombreux symptômes névrotiques peuvent être observés de façon courante, qu'il s'agisse de rituels d'ordre obsessionnel ou de peurs tout à fait comparables aux phobies (cf. l'observation princeps du « Petit Hans », 1909). Il faut donc expliquer comment certains sujets présentent des séquelles durables et susceptibles d'organiser plus tard une névrose à l'âge adulte, alors que d'autres ne gardent de ces symptômes que des traces plus discrètes.

Schématiquement, la résurgence de la névrose infantile et la constitution de la névrose à l'âge adulte dépendent de deux ordres de facteurs. Ceux-ci ne sont pas indépendants les uns des autres, mais interviennent en des temps différents de l'évolution. L'organisation d'une névrose de transfert nécessite toujours une surdétermination.

L'organisation progressive du complexe d'Œdipe prend des formes différentes en fonction des premiers stades de l'évolution libidinale et de son intrication avec l'intégration des « pulsions destructrices ». L'identification aux images parentales peut être rendue précaire par le désir violent d'avoir le contenu convoité du corps maternel. Les travaux de Karl Abraham ainsi que les recherches – récusées par certains psychanalystes – de Melanie Klein ont mis en lumière les conséquences, parfois fort importantes, de ces conflits très primitifs sur le psychisme des grands enfants et des adultes.

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