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NÉVROSE (histoire du concept)

Structures spécifiques des symptômes

Bien que répondant aux caractères généraux qui viennent d'être décrits, les symptômes des différentes névroses ont une organisation spécifique.

La conversion hystérique est caractérisée par la valorisation symbolique d'une partie ou de la totalité du corps (dans la crise névropathique). Elle s'accompagne d'un refoulement massif de tout affect pénible, tout en laissant le sujet dans un état de profonde dépendance vis-à-vis d'autrui, sans qu'il connaisse pour autant la nature de cette dépendance. Ce besoin de témoins, de spectateurs est généralement mal accepté par ceux qui ne reconnaissent pas la nature du désir sous-tendant ce théâtralisme et qui peuvent difficilement supporter la facilité avec laquelle ces malades se libèrent de leur angoisse.

Les symptômes phobiques ont une élaboration mentale plus compliquée, mais laissent ceux qui en sont atteints dans un état de dépendance vis-à-vis d'autrui tout aussi totale que dans les cas d'hystérie de conversion. D'une manière schématique, la phobie peut se caractériser par la projection des pulsions destructrices et par un clivage de l'objet d'amour. L'exemple du petit Hans cité plus haut peut servir ici d'illustration. L'enfant était en plein conflit œdipien et éprouvait à l'égard de son père des sentiments violemment contradictoires : il l'aimait tendrement et en même temps se sentait en rivalité avec lui. Les désirs agressifs à son égard étaient insupportables et ne pouvaient devenir conscients. Il s'en est suivi une projection et un déplacement. Le sentiment de haine à l'égard du père s'est transformé en peur d'une agression venue de l'extérieur et polarisée sur les chevaux qu'il risquait de rencontrer dans la rue. Par cette transformation, la relation de l'enfant avec son père s'est trouvée épurée de tout affect agressif ou dangereux, et le père n'a plus joué qu'un rôle affectueux et protecteur.

On retrouve une disposition analogue dans toutes les névroses de type agoraphobique. Elles sont ainsi caractérisées par une localisation de l'angoisse sur l'objet phobogène, ce qui représente un avantage certain, puisque les affects désagréables n'apparaissent pas en dehors de sa présence. Le sujet est rassuré par la présence du personnage contre-phobique, dérivé plus ou moins direct de l'imago parentale. Il peut ainsi vérifier qu'il n'arrive rien de fâcheux à ce dernier et qu'il ne lui est pas hostile. Devant l'objet phobogène, certaines réactions du malade passent par la motricité (fuite ou inhibition motrice). Les exigences du malade à l'égard du personnage contre-phobique peuvent devenir tyranniques, ce qui revient à dire qu'une partie atténuée, mais efficace, des intentions hostiles du patient à l'égard de l'imago parentale échappe au refoulement (retour du refoulé). Cette tyrannie est assumée en toute innocence par le patient, qui se sent en état de défense toujours renouvelée et toujours légitime.

Les obsessions peuvent être considérées comme les symptômes névrotiques les plus élaborés mentalement. Elles sont caractérisées par l'importance des formations réactionnelles, qui permettent le refoulement intense de désirs liés aux stades primitifs de l'évolution libidinale, et par l'échec relatif de ce processus de refoulement, échec entraînant un retour du refoulé infiniment plus pénible que dans les névroses phobiques. Quelles que soient les précautions prises, le malade n'est jamais sûr, par exemple, de ne pas avoir détruit ou sali un objet précieux, ce qui l'oblige à vérifier qu'il n'en est rien. Mais, en exécutant cette vérification, il n'est pas certain de ne pas avoir couru un nouveau risque de destruction ou de souillure, ce[...]

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