NEW DEAL
Les Cent Jours (mars-juin 1933)
À partir du 6 mars 1933, les mesures se succédèrent à une cadence accélérée. En attendant le vote, le 9 mars, d'une loi d'aide aux banques avec l'appui du Système fédéral de réserve, celles-ci furent fermées. Les trois quarts d'entre elles rouvrirent les jours suivants, ce qui permit une reprise de la vie économique. Des économies, plus symboliques que réelles, furent pratiquées dans le budget fédéral. Plus importante fut l'adoption de l'Agricultural Adjustment Act ( A.A.A.) qui visait au rétablissement des prix agricoles par une réduction volontaire des emblavures, que devaient encourager des subventions fédérales. Parallèlement, le National Recovery Act (N.R.A.), voté en juin 1933, tendait à stimuler la production industrielle, d'une part en poussant les industriels à signer des codes de loyale concurrence dans les principales branches, de l'autre en accordant aux ouvriers le droit de se syndiquer et de négocier des conventions collectives avec les producteurs (section 7 a). La direction du N.R.A. fut confiée à un personnage très dynamique, le général Hugh Johnson, qui parcourut le pays en avion pour convaincre les industriels de se joindre aux efforts de l'administration et développa une campagne psychologique pour encourager l'achat des seuls produits marqués de l'aigle bleue, symbole des entreprises qui avaient accepté les codes de loyale concurrence.
Roosevelt agissait également sur la monnaie. Pour permettre une reprise des prix, il s'était laissé persuader d'abandonner l'étalon-or (avr. 1933). Peu à peu, la valeur du dollar baissa et les prix remontèrent très lentement, mais les mesures décisives ne furent prises que plus tard. Pour ce qui est du programme social d'urgence, le Congrès vota une loi créant la Federal Emergency Relief Agency, destinée à soutenir financièrement les programmes d'aide des divers États. Le Civil Conservation Corps (C.C.C.) eut pour but de fournir de l'embauche grâce à des travaux de reforestation, de conservation du sol, de lutte contre l'érosion. Les fermiers endettés qui ne pouvaient rembourser les hypothèques qu'ils avaient contractées furent aidés par la création de la Farm Credit Administration qui leur accordait des prêts.
Enfin, le Congrès vota la loi créant la Tennessee Valley Authority (T.V.A.), pour laquelle le sénateur George Norris avait lutté depuis de nombreuses années (mars 1933). Ce nouvel organisme recevait des pouvoirs très étendus pour régulariser le cours du Tennessee et de ses affluents, produire de l'électricité, vendue à des tarifs très bas, attirer des fermiers, établir des industries.
L'ensemble de ces mesures est impressionnant, au moins autant que leur rythme. Le seul fait de voir leur gouvernement lutter de façon aussi énergique contre la crise mit fin au pessimisme des Américains, habitués depuis 1929 à un certain fatalisme. Les hommes d'affaires reprirent confiance, mais on ne peut dire que cette législation eut des effets révolutionnaires et entraîna une reprise économique très sensible. Des mesures fondamentales, comme l'A.A.A. ou le N.R.A., étaient très difficiles à appliquer ; or rien n'avait été prévu pour surmonter la résistance de fermiers ou d'industriels récalcitrants. Une reprise sensible de la production supposait une augmentation du pouvoir d'achat, lui-même fonction de cette production et également de la monnaie. Les effets de la législation sur l'un et sur l'autre ne pouvaient être que lents ; aussi la reprise était-elle moins rapide que ne l'avait prévu le gouvernement, même si le chômage était en diminution.
Ce demi-succès, ou ce demi-échec, si l'on considère seulement le bilan économique, favorise l'expression des mécontentements dans le pays. Ils sont canalisés par des mouvements[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
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