NEW YORK TIMES
Fondé en 1851, le New York Times fut racheté par Adolph S. Ochs (d'origine allemande) en 1896. Le journal ne tirait plus alors qu'à 9 000 exemplaires. Il fut le premier quotidien à utiliser la radio pour la transmission des reportages de ses correspondants et envoyés spéciaux à l'étranger, et cela à l'occasion du conflit russo-japonais de 1905. À la mort d'Adolph Ochs (1935), qui dirigea constamment son journal, la « vieille dame grise » (ainsi surnommait-on le Times) tirait à 465 000 exemplaires et était un des journaux les plus lus des classes dirigeantes dans le monde entier. À partir de 1963, l'éditeur (publisher) est Arthur Ochs Sulzberger, petit-fils d'Adolph ; le New York Times demeure une affaire de famille, au point que le responsable de la page des éditoriaux, John B. Dakes, est aussi membre de la famille. Le New York Times est une société cotée en Bourse, mais il y a deux types d'actions, et celles qui comportent un droit de vote demeurent en majorité au sein de la famille. La compagnie du New York Times vaut alors plus de 170 millions de dollars. La diffusion atteint plus d'un million d'exemplaires au cours des années 2000 pour l'édition quotidienne et 1 600 000 pour l'édition dominicale. Son principal concurrent dans l'agglomération new-yorkaise est le New York Daily News. Mais, tout en restant un journal très new-yorkais, il jouit d'un grand prestige au niveau national et international, en concurrence sur ce plan avec le Washington Post et le Wall Street Journal.
L'importance de son réseau de correspondants a permis au New York Times de créer un service d'agence – New York Times News Service – qui diffuse les informations collectées par le réseau du journal à plus de cinq cents organes de presse nord-américains et étrangers. C'est un journal volumineux : l'édition quotidienne atteint souvent la centaine de pages, et l'édition du dimanche parfois plus de deux cent cinquante. La mise en pages et les rubriques ont été modifiées : passage de huit à six colonnes, création d'une page d'opinions et de commentaires, introduction de nouvelles sections et création de suppléments hebdomadaires réguliers pour fidéliser les lecteurs. La publicité occupe une place importante (parfois plus de 65 p. 100 de la surface totale) ; elle fournit des bénéfices confortables, le New York Times s'adressant aux classes aisées. La qualité de ses articles et de ses journalistes lui ont valu d'obtenir plus de quatre-vingt prix Pulitzer, dont celui du meilleur grand reportage en 1983 pour les papiers de ses envoyés spéciaux au Liban. Le total de la diffusion payée, digitale et imprimée, atteint environ trois millions d'exemplaires.
Politiquement, le journal se veut indépendant et libéral, au sens américain du terme. En 1918, il est défenseur de l'internationalisme et favorable à la S.D.N. et soutient plutôt les candidats démocrates, depuis Franklin D. Roosevelt. Il est assez sensible au « problème juif », en particulier à l'intérieur des États-Unis, et se veut particulièrement irréprochable, du point de vue de l'objectivité, en ce domaine. Antisioniste jusqu'en 1948, il est devenu plutôt pro-israélien après la création de l'État d'Israël. En ce qui concerne les autres problèmes, le New York Times a des responsabilités particulières du fait qu'il est un des journaux américains les plus respectés, lu par l'establishment et considéré comme son émanation. Cela explique une circonspection parfois exagérée, notamment en matière de politique étrangère : il a longtemps été reproché au journal de n'avoir pas révélé à temps tout ce qu'il savait de l'invasion prévue de Cuba (affaire de la baie des Cochons). S'il a fallu trop de temps au New York Times pour[...]
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Écrit par
- Marie-France TOINET : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
Classification
Médias