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NEWSPACE

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NewSpace, un nouvel écosystème pour le spatial

Bien qu’il suscite l’intérêt des médias, le tourisme reste un secteur anecdotique du spatial. Ce qui caractérise le NewSpace tient davantage à un ensemble d’évolutions dont la mise au point de lanceurs réutilisables et la multiplication de grandes constellations de satellites (ensemble de satellites travaillant de concert pour des objectifs communs) sont les plus marquantes. Les États ne sont plus les seuls donneurs d’ordre. Des entreprises privées investissent dans le spatial pour leurs besoins commerciaux. Ce secteur entrepreneurial se distingue et complète le secteur industriel classique qui répond aux commandes des agences étatiques, formant ainsi un nouvel écosystème du spatial. Des entreprises autonomes à capitaux privés existaient déjà dans le domaine des télécommunications spatiales avant le début des années 2000. Mais, avec l’avènement du NewSpace, se multiplie le nombre d’acteurs marchands qui s’intéressent à tous les secteurs du spatial et proposent des produits ou des services qui jusqu’alors relevaient de la commande publique ou d’activités liées à la souveraineté des États.

C’est le cas, par exemple, de l’imagerie précise du sol depuis l’espace pour les besoins de la défense. Ce mouvement, qui a démarré aux États-Unis au début des années 2000, ouvre au secteur privé, pour des applications commerciales, des technologies jusque-là classées sensibles permettant à des entreprises de fournir des services à des clients, qu’ils soient des États, d’autres entreprises ou des particuliers. Les investissements se font en fonction des intérêts économiques propres des acteurs pour conquérir des marchés, sans nécessairement avoir la volonté de satisfaire les seuls avantages des pays puisque leurs activités ne sont plus conditionnées aux simples commandes étatiques. Les développements les plus onéreux et les plus ambitieux restent cependant souvent subventionnés par des fonds étatiques, financements indispensables pour couvrir les risques qui demeurent très élevés pour ces projets (comme la mise au point de lanceurs réutilisables). La commande publique est donc toujours incontournable pour le financement du spatial, même si une partie du risque économique est à présent assumé par des capitaux privés.

Ce modèle est en vigueur aux États-Unis mais aussi en Europe. Ainsi la France apporte un soutien au secteur spatial privé à travers le plan « France 2030 » par l’intermédiaire du Centre national d'études spatiales (CNES) et de la Banque publique d'investissement. Les 1,5 milliard d’euros financés par ce plan pour la filière spatiale à partir de 2022 ont pour objectif notamment de créer une filière française de micro et de mini-lanceurs, de soutenir l’émergence d’entreprises du spatial pour développer principalement des constellations de satellites ou un cargo spatial réutilisable.

Le NewSpace est une suite logique de l’aventure spatiale commencée dans les années 1950, et une partie de son activité a pour cadre le retour sur la Lune pour lequel les grandes puissances spatiales sont en compétition. Plus de trente pays se sont ralliés aux États-Unis et ont signé les accords Artemis pour participer au programme éponyme. La mission de ce dernier est d’assurer une présence humaine durable sur la Lune qui pourra servir de base pour l’exploration plus lointaine du système solaire, en particulier de Mars. Un premier vol d’essai du vaisseau spatial Orion sans équipage, lancé avec le Space Launch System (SLS), a eu lieu le 16 novembre 2022. Un vaisseau en orbite lunaire, la station spatiale Lunar Gateway, à laquelle s’amarrera le vaisseau Orion, servira de base arrière pour les partenaires d’Artemis. La présence humaine sur la Lune nécessite en effet des infrastructures spécifiques auxquelles travaillent de nombreuses entreprises du NewSpace. Certains des financements[...]

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Écrit par

  • : astronome à l'Observatoire de Paris, membre de l'Académie des sciences

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Médias

Atterrissage de deux propulseurs d’appoint d’une fusée Falcon Heavy (SpaceX) - crédits : SpaceX/ Science Collection/ Alamy/ Hemis

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Classification des différentes altitudes d’orbites terrestres - crédits : Encyclopædia Universalis France

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