OKONJO-IWEALA NGOZI (1954- )
Ngozi Okonjo-Iweala est une haute fonctionnaire internationale de nationalité nigériane et américaine, ministre des Finances du Nigeria à deux reprises (2003-2006 et 2011-2015), directrice générale de la Banque mondiale (2007-2011) et présidente du Conseil d’administration du GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization, L’Alliance du vaccin). Symbole de l’élite issue des pays émergents et d’une mondialisation régulée et porteuse de développement humain, Ngozi Okonjo-Iweala s’est vue confier en février 2021, par consensus de ses 164 membres, le titre de septième directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour un mandat de quatre ans, une première pour une femme.
Un parcours personnel et professionnel remarquable
Ngozi Okonjo-Iweala naît le 13 juin 1954 à Ogwashi-Uku dans l’État du Delta, au sud du Nigeria, d’une mère professeure de sociologie et d’un père professeur d’économie. Ses parents sont des chefs traditionnels de rang royal, membres de l’ethnie Igbo. La jeune fille bénéficie dès son enfance d’un milieu favorisé et d’une éducation internationale qui lui permettent de suivre des études supérieures aux États-Unis, où elle s’installe en 1973. Diplômée en économie de l’université Harvard en 1976, elle obtient un doctorat en planification régionale et urbaine du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1981. Sa thèse est consacrée au rôle de la finance dans le développement du secteur agricole nigérian.
La jeune femme décide de mettre ses origines et son profil académique d’excellence au service du développement international en intégrant la Banque mondiale dès 1982, où elle suit d’abord les opérations au Nigeria. Sa carrière se déroulera tantôt au sein de cette institution, tantôt en tant que ministre dans son pays.
Elle gravit ainsi les échelons de l’institution de Bretton Woods jusqu’à devenir secrétaire du Conseil d’administration sous la présidence de James Wolfensohn (1995-2005) puis directrice générale, en 2007, peu après son premier mandat de ministre des Finances du Nigeria (2003-2006). Elle est alors remarquée pour sa gestion des effets de la crise financière de 2007-2008 sur les pays pauvres et pour ses efforts notables visant à renforcer les moyens financiers de l’organisation.
Ayant maintenu des liens personnels et politiques étroits avec le Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala est donc appelée une première fois par le président Olusegun Obasanjo pour devenir ministre des Finances de son pays. Son action est radicale, son bilan impressionnant. En trois ans, de 2003 à 2006, l’économiste engage une lutte déterminée contre la corruption, privatise de nombreuses entreprises industrielles, accroît la concurrence dans le secteur des télécommunications, favorise la croissance économique (le PIB du Nigeria sera multiplié par trois sur la période), maîtrise l’inflation (la hausse des prix passera de 23 % à 11 %) et renégocie la dette du pays, tout en le faisant bénéficier pour la première fois d’une notation souveraine.
Cet engagement bouscule l’ordre établi d’un pays caractérisé par un potentiel économique conséquent autant que par des rigidités structurelles et des intérêts particuliers. Ngozi Okonjo-Iweala, surnommée « l’emmerdeuse », gêne. Elle décide, après avoir été brièvement ministre des Affaires étrangères à l’été 2006, de retourner à Washington pour prendre la direction de la Banque mondiale sous la présidence de Robert Zoellick. Ce n’est qu’en 2011 qu’elle reviendra, à l’invite du président Goodluck Jonathan, poursuivre sa tâche à Lagos au cours d’un deuxième mandat aux Finances (2011-2015) marqué par l’assainissement du système financier, le développement humain et la réforme du système de subvention des carburants.
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
Classification
Média
Autres références
-
OMC (Organisation mondiale du commerce)
- Écrit par Marie-France BAUD-BABIC , Encyclopædia Universalis et Georges LABAKI
- 6 214 mots
- 4 médias
Les défis de la directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, à la tête de l’organisation depuis mars 2021 après la démission de Roberto Azevêdo en août 2020, sont nombreux. Parmi eux, outre la remise sur pied de l’organe d’appel, on peut citer : le rôle du commerce dans le défi climatique ; la révision...