OKONJO-IWEALA NGOZI (1954- )
Une femme au défi de raviver l’Organisation mondiale du commerce
Bénéficiant d’une solide réputation de compétence et d’intégrité, dotée d’un vaste réseau relationnel public, privé et académique, Ngozi Okonjo-Iweala est reconnue par les grands responsables mondiaux. Ainsi, après sa candidature malheureuse à la présidence de la Banque mondiale en 2012, c’est tout naturellement que son nom est avancé en 2020 pour prendre la tête d’une OMC fragilisée par l’enlisement des négociations multilatérales, la rivalité sino-américaine et la paralysie de l’Organe de règlement des différends (ORD). Au terme d’un processus opposant huit candidats, le profil de la postulante africaine est finalement préféré à celui de l’ancienne ministre du Commerce sud-coréenne, Yoo Myung-hee, le veto opposé par Donald Trump ayant étant levé par Joe Biden peu après son élection.
Les défis de la nouvelle directrice générale de l’organisation de Genève, en fonction depuis le 1er mars 2021, sont d’abord déterminés par l’urgence. L’OMC doit lutter contre la crise sanitaire en favorisant la distribution de vaccins aux pays pauvres et en résistant aux tendances protectionnistes. À peine en poste, Ngozi Okonjo-Iweala s’est imposée en proposant une « troisième voie » entre les tenants d’une levée des brevets pour les vaccins et les pays désirant soutenir leur production et leur commerce. Mais il s’agit également pour elle de contenir les effets économiques de la pandémie, particulièrement prégnants dans les pays en développement et émergents.
À plus long terme, Ngozi Okonjo-Iweala devra mener plusieurs tâches redoutables. La première consistera tout simplement à refaire fonctionner l’OMC dans son rôle de règlement des différends en assurant la nomination de deux des trois juges manquants à l’ORD. Il s’agira également d’apaiser les relations sino-américaines, tout en ménageant les intérêts européens et en garantissant un traitement équitable aux pays émergents, pour refaire de l’OMC un forum de gestion et de négociation incontesté du commerce mondial. Enfin, la diplomate devra œuvrer à la révision de règles commerciales datant pour beaucoup de 1995, dans les domaines des subventions publiques, de l’économie numérique, du statut des pays en développement, de l’agriculture ou de la propriété intellectuelle, notamment. Le profil « développement et santé publique », consensuel mais déterminé, de la première personne africaine à la tête de l’OMC, fait forte impression et pourrait servir une organisation en crise.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
Classification
Média
Autres références
-
OMC (Organisation mondiale du commerce)
- Écrit par Marie-France BAUD-BABIC , Encyclopædia Universalis et Georges LABAKI
- 6 214 mots
- 4 médias
Les défis de la directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, à la tête de l’organisation depuis mars 2021 après la démission de Roberto Azevêdo en août 2020, sont nombreux. Parmi eux, outre la remise sur pied de l’organe d’appel, on peut citer : le rôle du commerce dans le défi climatique ; la révision...