NGUNI ET SOTHO
Face aux Boers, création de royaumes (XVIIIe-XIXe s.)
Des États centralisés
Les sociétés établies par les immigrants bantous en Afrique du Sud-Est étaient dotées d'un réseau politique très élémentaire, ou même étaient dépourvues d'un mécanisme de coercition. L'autorité des chefs, là où ils existaient, se fondaient sur la persuasion ou l'ascendant personnel plus que sur la contrainte. Les fonctions habituellement remplies par les gouvernements (décisions concernant l'ensemble du groupe, solutions des conflits, défense contre les menaces extérieures, etc.) étaient fort bien assurées par les réseaux fondés sur la parenté. Le patriarche et les anciens, soutenus par l'opinion collective du groupe, suffisaient au maintien de la paix et de la coopération.
Face aux menaces extérieures que l'avance des colons hollandais représentait pour les paysans bantous établis au nord de la Fish River (et plus tard de l'Orange, du Vaal, du Limpopo), les frêles organisations fondées sur la parenté ne constituaient pas une défense adaptée. Les guerriers-pasteurs, qui jusqu'alors ne rencontraient que la timide résistance des chasseurs bochimans ou les expéditions de faible envergure d'autres pasteurs essayant de s'emparer des troupeaux, se trouvèrent confrontés à partir de la fin du xviiie siècle (dès 1770) à des bandes de colons boers, bien armés et déterminés à établir leurs fermes sur de bonnes terres, loin de la colonie du Cap où s'exerçait l'autorité britannique (officiellement à partir de 1815) dont la politique était trop favorable, estimaient-ils, aux intérêts des Hottentots et des Bantous voisins.
En réponse à cette nouvelle situation, les tribus de pasteurs-agriculteurs bantous se regroupèrent et créèrent des organisations militaires plus efficaces et plus résistantes. Ces entreprises suscitèrent évidemment de nombreuses luttes parmi les chefs ambitieux qui rêvaient d'unification. Ainsi se formèrent les royaumes militaires des Zulu, des Ndebele, des Swazi, des Sotho.
L'hégémonie zulu et le roi Chaka
La communauté nguni des Zulu (ce mot signifie « les hommes du ciel ») était installée dans la région du Natal. À la fin du xviiie siècle, divers patriarches claniques nguni tentent de rassembler autour de leurs groupes de parenté d'autres clans et lignages. Ainsi Dingiswayo, du clan des Mtetwa ; Zwide, du clan des Ndwandwe. Chaka, né en 1787, était le fils illégitime d'un autre chef, Senzangakona. Grâce à l'appui de Dingiswayo, il parvint à succéder à son père en 1816.
En douze ans (il fut assassiné en 1828) Chaka parvint à créer une monarchie autoritaire, agressive et solide. Elle s'étendait sur une partie du Mozambique actuel, sur le Natal et une partie de la province du Cap dans l'actuelle république d'Afrique du Sud, sur les États du Lesotho et du Ngwane (anciennement Zwaziland). L'instrument de sa domination intérieure et de ses conquêtes extérieures était l'armée.
De bandes temporaires de guerriers combattant en même temps mais chacun pour soi, Chaka fit une armée disciplinée et permanente. Les diverses innovations par lesquelles il réalisa cette entreprise lui valurent d'être comparé à Napoléon par des contemporains. L'unité militaire était le régiment constitué d'un millier d'hommes vivant ensemble en temps de guerre comme en période de paix (leurs casernes étaient de vastes kraals), portant des insignes identiques, ayant un cri de guerre propre, et soumis à une discipline sévère qui, par exemple, leur interdisait le mariage. Leur armement fut amélioré : une courte sagaie de corps à corps au lieu d'armes de jet ; suppression des sandales qui ralentissent la marche. Une stratégie de combat fut élaborée par la division de l'armée en quatre corps : deux ailes et deux centres dont l'un formait une réserve.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD
- Écrit par Ivan CROUZEL , Dominique DARBON , Benoît DUPIN , Encyclopædia Universalis , Philippe GERVAIS-LAMBONY , Philippe-Joseph SALAZAR , Jean SÉVRY et Ernst VAN HEERDEN
- 29 784 mots
- 28 médias
...toutes de langue afrikaans. Enfin, les Noirs forment le groupe le plus complexe. Appartenant en grande majorité à deux grandes familles linguistiques (Nguni et Sotho), ils sont en outre divisés en neuf ethnies. Les Zoulous, Xhosa et Swazi appartiennent au groupe nguni ; les Basotho, Tswana, Pedi...