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PARRA NICANOR (1914-2018)

Nicanor Parra fut l’un des poètes latino-américains les plus importants de son époque, l’initiateur de ce qu’on a appelé l’antipoésie, qui s’efforce de rendre leur sens aux mots en désacralisant les styles ou techniques caractéristiques du genre poétique.

Né le 5 septembre 1914 à San Fabián de Alico (Chili), frère de la chanteuse Violeta Parra (1917-1967), il étudie les mathématiques et la physique à l’université du Chili à Santiago, à l’université Brown de Providence (Rhode Island) et à l’université d’Oxford. De 1952 à sa retraite en 1991, il enseigne la physique théorique à l’université du Chili.

Bien qu’il l’ait par la suite renié, son premier ouvrage poétique,Cancionero sin nombre(1937 ; « Chansonnier sans nom »), préfigure l’usage d’un vocabulaire familier, souvent impertinent, privilégiant un traitement léger des formes classiques qui marquera son « antipoésie ».

Avec Poemas y Antipoemas (1954 ; Poèmes et antipoèmes), ses efforts pour rendre la poésie plus accessible lui valent une renommée nationale et internationale. Ces vers, écrits dans une langue claire et directe, abordent avec un humour ravageur et une vision ironique les problèmes quotidiens d’un monde présenté comme grotesque et souvent absurde.

Après ses expérimentations avec le langage parlé et l’humour typiques des classes populaires chiliennes dans La cuecalarga(1958 ; « La longue cueca », du nom d’une danse sud-américaine), il publie Versos de salón (1962 ; « Poèmes de salon »), qui approfondit les techniques antipoétiques de ses premières œuvres. Obra gruesa (1969 ; « Gros travail ») est une anthologie de ses poèmes, excluant toutefois ceux qui figuraient dans son premier livre. Le ton d’insatisfaction y est renforcé par le recours à une langue prosaïque, aux clichés et aux jeux de mots.

En 1967, il commence à écrire de courts poèmes expérimentaux qu’il publiera plus tard sous la forme d’une collection de « cartes postales » intitulée Artefactos (1972 ; « Artefacts »). Dans ces textes, il essaie de réduire le langage à sa forme la plus simple sans détruire son impact social et philosophique. Ses recueils ultérieurs comprennentSermones y prédicasdel Cristo de Elqui (1977 ; « Sermons et homélies du Christ d’Elqui »), Hojas de Parra (1985 ; « Feuilles de Parra », jeu de mots sur son nom de famille, qui signifie « vigne ») et Discursos de sobremesa (2006 ; Discours de fin de repas). En 2011, il reçoit le prix Cervantès, la récompense littéraire la plus prestigieuse du monde hispanophone. En 2017 paraît Poèmes et antipoèmes, une anthologie de ses œuvres par les soins de Bernard Pautrat et Felipe Tupper.

Nicanor Parra meurt le 23 janvier 2018 à La Reina (Chili).

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

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    • 7 médias
    ...par César Fernández Moreno (1919-1985) dans le Río de la Plata, participe d'une contestation des conventions formelles qui a fait de nombreux adeptes. Elle prend le sens d'une « antipoésie » avec le Chilien Nicanor Parra, de Poemas y antipoemas (1954) à Hojas de Parra (1985). Pour lui, la...