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NICARAGUA

Nom officiel

République du Nicaragua (NI)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Daniel Ortega (depuis le 10 janvier 2007)

      Capitale

      Managua

        Langue officielle

        Espagnol

          Unité monétaire

          Cordoba oro (NIO)

            Population (estim.) 6 875 000 (2024)
              Superficie 130 373 km²

                Le Nicaragua contemporain

                La période somoziste

                Placé à la tête de la Garde nationale par les États-Unis, Anastasio « Tacho » Somoza va transformer cette troupe apolitique de supplétifs en véritable milice à son service. Dans le contexte de la crise économique mondiale des années 1930, il est élu président, en 1937, face au président sortant, le libéral Juan Bautista Sacasa. Il instaure un régime d'ordre qui repose sur la Garde nationale et qui résiste à la vague de démocratisation d'après la Seconde Guerre mondiale. Malgré son anticommunisme affiché, Somoza utilise son charisme pour s'allier une grande partie des syndicats et édicter un Code du travail. Cependant, la réalité du pouvoir de Somoza repose sur son emprise personnelle sur l'économie nationale et sur ses liens avec les élites traditionnelles et avec les États-Unis. Le dictateur, sa famille ou ses proches deviennent propriétaires de grands domaines fonciers, d'industries, de banques, parfois par des moyens légaux mais le plus souvent par la corruption, l'intimidation ou la terreur. « Tacho » Somoza sait également s'adjoindre, par des alliances matrimoniales et des liens de clientèle, les grandes familles du pays, en particulier celles du Parti libéral. Il parvient également à conserver le soutien de Washington, ce dont il se servira pour écarter toute opposition.

                Anastasio Somoza, 1970 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

                Anastasio Somoza, 1970

                Somoza instaure ainsi une dynastie familiale. Il demeure au pouvoir de 1937 à 1956 et gouverne soit directement, soit par l'entremise d'hommes de confiance (notamment Víctor Manuel Román y Reyes de 1947 à 1950). À sa mort lui succède son fils Luís jusqu'en 1963, puis René Schick, un proche de la famille (1963-1966), et, enfin, son second fils Anastasio « Tachito » Somoza Debayle, au pouvoir de 1967 à 1979 − avec une interruption uniquement formelle de 1972 à 1974, durant laquelle s'installe une junte militaire contrôlée par « Tachito ». Tous ces dirigeants gouvernent en s'appuyant sur le contrôle de la Garde nationale et en manipulant régulièrement la Constitution, en particulier lors des élections, toutes frauduleuses, qui leur permettent de conserver le pouvoir tout en concédant des sièges au Parlement aux partis de l'opposition, partis des conservateurs et des libéraux indépendants. Ils s'adaptent également aux évolutions de la politique extérieure des États-Unis : grands promoteurs de l'Alliance pour le progrès du président John Kennedy au début des années 1960, ils soutiennent sans réserve les interventions armées des États-Unis contre les régimes progressistes au pouvoir en Amérique centrale, en particulier contre le gouvernement Arbenz au Guatemala en 1954, ou lors de la tentative d'invasion de Cuba par les marines (baie des Cochons) en 1961. Le régime mis en place par les Somoza alterne cooptation et répression pour maintenir l'ordre, même si la politique répressive est de plus en plus marquée dans les années 1960 et 1970. Les premières tentatives de guérilla, en 1967, sont écrasées par la Garde nationale et, la même année, des manifestations de l'opposition sont violemment réprimées, leurs dirigeants arrêtés et torturés. Toutefois, en 1970, le pouvoir propose d'associer l'opposition au gouvernement si le Parti conservateur conclut un pacte avec le Parti libéral.

                Encadrée par le pouvoir de la famille Somoza, l'économie du pays connaît un essor exceptionnel à partir de 1945, avec le taux de croissance le plus élevé de l'Amérique latine. Dans les années 1960, celui-ci atteint 7,2 % en moyenne par an et, dans la première moitié des années 1970, 5,8 % par an. Les dirigeants du pays entreprennent avec succès la diversification des exportations, dont la valeur augmente de 10 % par an entre 1949 et 1970, essentiellement dans le domaine agricole : viande, sucre et surtout coton qui[...]

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                Écrit par

                • : chercheuse et consultante, titulaire d'un doctorat de troisième cycle en études des sociétés latino-américaines de l'Institut des hautes études d'Amérique latine, Paris
                • : maître de conférences en science politique à l'université de Lyon-II-Lumière
                • : professeur agrégée de géographie, université de Montpellier-III
                • : professeur au lycée franco-mexicain de Mexico
                • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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                Médias

                Nicaragua : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

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                Nicaragua : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Nicaragua : drapeau

                Dégâts provoqués par cyclone Mitch au Nicaragua, 1998 - crédits : Jairo Cajina/ AFP

                Dégâts provoqués par cyclone Mitch au Nicaragua, 1998

                Autres références

                • NICARAGUA, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

                  • Écrit par , , , , , , et
                  • 24 158 mots
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                  La ride septentrionale du Nicaragua, peu profonde (moins de 1 000 m), possède une croûte épaisse de 25 à 30 kilomètres, de nature continentale. C'est une vaste plate-forme carbonatée parsemée de nombreux bancs récifaux. La couverture sédimentaire tertiaire, dont l'épaisseur atteint localement 5 kilomètres,...
                • AMÉRIQUE LATINE - Rapports entre Églises et États

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                  ...commentaire révélateur d'une ambition héritée du modèle du patronat : « Les évêques auraient mieux fait d'écrire une pastorale contre l'impérialisme. » De leur côté, les autorités sandinistes, après avoir célébré en 1979 avec les évêques du Nicaragua un Te Deum célébrant la chute de Somoza, ont essayé...
                • ARIAS SÁNCHEZ OSCAR (1941- )

                  • Écrit par
                  • 623 mots

                  Président du Costa Rica de 1986 à 1990, puis de 2006 à 2010.

                  Né le 13 septembre 1941 à Heredia au sein d'une des plus riches familles de planteurs de café du Costa Rica, Oscar Arias Sánchez étudie l'économie à l'université du Costa Rica et obtient un doctorat en sciences politiques à l'université...

                • CHAMORRO VIOLETA (1929- )

                  • Écrit par
                  • 482 mots

                  Femme politique nicaraguayenne, présidente de la République de 1990 à 1997.

                  Née le 18 octobre 1929 à Rivas (sud du Nicaragua) dans une famille aisée (son père est un grand éleveur de bétail), Violeta Chamorro, née Barrios, fait ses études au Texas et en Virginie (États-Unis). En 1950, peu de temps...

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