NICCOLO MAÎTRE (1re moitié XIIe s.)
Trois séries d'inscriptions conçues dans des termes sensiblement identiques, l'une à la façade du dôme de Ferrare, la deuxième à celle du dôme de Vérone et la troisième à celle de l'église Saint-Zénon de Vérone, nous font connaître le nom d'un sculpteur nommé Nicolaus, que des annalistes tardifs croient pouvoir appeler Niccolo da Ficcarolo. La critique moderne s'est efforcée de reconstituer sa carrière : formé par Wiligelmo sur le chantier de la cathédrale de Modène, il aurait travaillé à Parme vers 1130 et aurait ensuite exécuté la porte Zodiaque à la Sagra de Saint- Michel de Cluse, en Piémont, où se lit effectivement le nom de Nicolaus. Vers 1135, il est à Ferrare où il décore le porche du dôme, achevé vraisemblablement avant 1141, puis à Vérone où il mène conjointement les travaux de la cathédrale et de Saint-Zénon, faisant œuvre sans doute à la fois d'architecte et de sculpteur. L'art de Niccolo représente l'apogée de la sculpture romane de la province d'Émilie. Il a beaucoup emprunté au vocabulaire décoratif de son maître Wiligelmo. Mais ses innovations sont notables : à Ferrare, on voit, pour la première fois sans doute, apparaître des figures sculptées aux piédroits du portail, selon une formule totalement indépendante de celle apparue vers la même date dans le nord de la France. Ses rapports avec l'art roman du Languedoc, de la Provence et même de l'ouest de la France sont certains, sans que l'on puisse cependant toujours préciser dans quel sens se sont exercées les influences. Ses disciples sont nombreux ; certains sont connus, comme Guillelmo et Pelegrino qui signèrent des œuvres à Vérone. D'autres, comme ceux qui travaillèrent à Plaisance et à Crémone, restent anonymes. Hors d'Émilie, on a cru retrouver la trace de l'influence de Niccolo à Embrun, à Carennac et même à Pécs, en Hongrie.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
Classification
Autres références
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- Écrit par Noëlle de LA BLANCHARDIÈRE
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