NICÉE (CONCILE DE)
L'importance historique du concile
L'importance historique du concile de Nicée tient, au moins autant qu'à cette définition dogmatique, au précédent qu'il avait créé : ainsi, la notion même du concile œcuménique comme moyen de résoudre les problèmes doctrinaux et disciplinaires intéressant l'ensemble de l'Église ; même lorsque, en réaction contre les excès du conciliarisme des conciles de Constance (1414-1418) et de Bâle (1431-1437), la papauté fut amenée à faire prévaloir la suprématie du siège de Rome, l'Église elle-même a continué à estimer nécessaire la convocation d'un tel concile, comme l'atteste l'exemple du concile de Trente et des deux conciles du Vatican.
Passant outre aux scrupules des « conservateurs » qui refusaient le terme de consubstantiel parce qu'on ne le trouvait pas dans l'Écriture sainte, le concile consacrait la fécondité de l'effort proprement théologique et reconnaissait à l'Église le droit de préciser le contenu de la foi chrétienne par une définition dogmatique consacrant le progrès réalisé dans l'explication du donné révélé.
Dans le détail, la technique même des conciles œcuméniques a suivi l'exemple de Nicée : le fait que le pape Silvestre n'y soit pas intervenu personnellement mais s'y soit fait représenter par deux prêtres romains explique que ce soit toujours par l'intermédiaire de légats que Rome soit présente dans les conciles œcuméniques ultérieurs, même lorsque, à l'époque médiévale et moderne, ils seront convoqués sur l'initiative du pape lui-même.
C'est Constantin, et non une autorité ecclésiastique qui a convoqué et dirigé le concile de Nicée ; il en sera de même aussi longtemps que durera l'Empire chrétien : Théodose convoquera le deuxième concile œcuménique (Constantinople, 381), Théodose II le troisième (Éphèse, 431), Marcien (et Pulchérie) le quatrième (Chalcédoine, 451), Justinien le cinquième (Constantinople II, 553), etc. Il ne faut pas parler à ce propos de césaropapisme : chrétien lui-même, l'empereur se sent chargé non seulement d'assurer le bien temporel mais aussi le salut même de ses sujets ; nouveau Moïse, nouveau David, il se sent responsable devant Dieu de ce nouvel Israël, de ce peuple de Dieu qu'est l'Église. D'ailleurs, même sur le plan purement politique, il ne pouvait se désintéresser des problèmes de foi. À cette époque où le problème religieux est devenu le problème central de l'existence humaine, l'unanimité en matière de foi apparaît comme le principe essentiel qui assure la cohésion de la société : l'hérésie ou le schisme mettent en danger l'unité même de l'Empire.
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Écrit par
- Henri Irénée MARROU : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, membre de l'Institut
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