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NICHET JACQUES (1945-2019)

De spectacle en spectacle, Jacques Nichet a effectué un des parcours les plus intéressants du théâtre français. Né à Albi le 1er janvier 1942, élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques et passionné par le théâtre, il fonde le « groupe 45 » qui, en 1964, présente au festival mondial de théâtre universitaire de Nancy, créé par Jack Lang, Le Sacrifice du bourreau de René de Obaldia. Par la suite, Jacques Nichet est intégré à la Fédération nationale de théâtre universitaire, dont il deviendra un temps président, il crée en 1965 Les Grenouilles d’Aristophane puis, successivement, des textes d’Aimé Césaire, Molière, Rabelais, Georg Büchner, ainsi que L’Héritier ou les étudiants pipés (1968), d’après Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. Il affiche déjà l’éclectisme et l’engagement artistique ambitieux dont il ne se départira pas durant près d’un demi-siècle.

Début 1970, Jacques Nichet rebaptise son groupe « Théâtre de l’Aquarium ». Il en devient le metteur en scène, rejoint notamment par Didier Bezace et Jean-Louis Benoit. À l’invitation d’Ariane Mnouchkine, qui avec le Théâtre du Soleil occupe depuis la fin de l’année 1970 un des anciens ateliers de la Cartoucherie de Vincennes, l’équipe aménage et occupe à ses côtés un bâtiment désaffecté qui prend son nom au printemps de 1973. Dans ce cadre, les premières créations de l’Aquarium sont essentiellement collectives et résultent d’enquêtes et de recherches destinées à évoquer le monde social et politique de l’époque, en interrogeant les modes de représentation, telles Marchands de ville (1972),Gob ou le journal d’un homme normal (1973) ouLa jeune lune tient la vieille lune toute une nuit dans ses bras (1976), en fidélisant un public. Jacques Nichet est appelé en 1986 à la direction du Centre dramatique national de Montpellier, situé dans le Domaine de Grammont, qu’il rebaptise Théâtre des Treize Vents à cause de sa proximité avec un lieu excentré de la ville. Ses créations croisent des auteurs classiques (García Lorca, Diderot…) et des auteurs contemporains (B.-M. Koltès, Daniel Keene, Serge Valletti…).

En octobre 1998, Jacques Nichet est nommé à la direction du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, pour lequel il engage – sous le nom de « Théâtre de la Cité » – une reconstruction en centre-ville avec l‘architecte Alain Sarfati, dont l’organisation et l’aménagement répondent à ses nécessités théâtrales, aux besoins de son équipe, et au désir de favoriser l’accueil du public. À son arrivée, il déclarait : « Pour la première fois, je vais faire du théâtre au cœur d’une ville, au beau milieu. Cela me touche, le théâtre annonce d’emblée, par son nom et par son emplacement, son appartenance à la cité. Il fait corps avec elle, devient central sans rien perdre de son inévitable marginalité. » Une dualité qu’il entretiendra, durant neuf années, tant avec ses propres créations (Casimir et Caroline de Ödön von Horváth, 1999 ; Antigone de Sophocle, 2004 ; Faut pas payer! de Dario Fo, 2005 ; ou Le Suicidé de Nicolaï Erdman, 2006), qu’avec celles de confrères accueillies dans son théâtre. Puis, âgé de soixante-cinq ans, il décide de mettre un terme à son mandat en 2007. Après son départ du Théâtre de la Cité, il crée une compagnie théâtrale installée dans la ville, « L’Inattendu », avec laquelle il présente divers spectacles, dont une Ménagerie de verre de Tennessee Williams (2009), particulièrement remarquée. Son ultime création sera Compagnie de Samuel Beckett, créé en 2018 avec Thierry Bosc. En 2007, il avait publié Je veux jouer toujours, avec de nombreuses illustrations de ses créations majeures des années 1973-2006.

Jacques Nichet meurt le 29 juillet 2019 à Toulouse.

— Jean CHOLLET

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