Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANGELICH NICHOLAS (1970-2022)

Nicholas Angelich naît le 14 décembre 1970 à Cincinnati (Ohio), au sein d’une famille originaire d’Europe centrale. Le père joue du violon et la mère pratique le piano. C’est elle qui guide les débuts de l’enfant au clavier. Ses progrès sont si rapides qu’il peut donner dès l’âge de sept ans un premier concert public en interprétant le Concerto pour piano et orchestre de Mozart no 21 (K 467). Les grandes écoles musicales américaines n’offrant aucun parcours éducatif aux très jeunes élèves, c’est vers Paris que se tournent ses parents. Ils s’y installent en 1982. Une audition privée à laquelle assiste Aldo Ciccolini décide de sa carrière. À treize ans, il entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans les classes de Ciccolini, Yvonne Loriod – qui l’initie à la musique contemporaine – et Michel Béroff. Il y obtient successivement un premier prix de piano (1987), de musique de chambre (1988) et d’accompagnement (1989). Il se perfectionne ensuite auprès de Marie-Françoise Bucquet, Leon Fleisher, Dmitri Bashkirov, Karl-Ulrich Schnabel, Fou Ts’ong et Maria Joao Pires. De retour aux États-Unis, il remporte en 1989 le 2e prix au concours Robert-Casadesus à Cleveland – il est devancé par Sergei Babayan – puis en 1994 le 1er prix du concours Gina-Bachauer de Salt Lake City.

En France, où il s’établit définitivement et enseigne au Conservatoire de Paris à partir de 2000, Nicholas Angelich est nommé « soliste instrumental de l’année » lors des Victoires de la musique en 2013 et 2019. Il y pratique la musique de chambre avec des partenaires tels que Martha Argerich, Yo-Yo Ma, Jérôme Ducros, Renaud et Gautier Capuçon, Joshua Bell, Jérôme Pernoo, Gil Shaham ou Maxim Vengerov. Son vaste répertoire s’étend de Bach aux partitions de son temps, qu’il aborde souvent au contact de leurs auteurs, Olivier Messiaen, Pierre Boulez ou Karlheinz Stockhausen. Il participe ainsi à plusieurs créations : le Concerto sans orchestre, pour piano et sons enregistrés, de Pierre Henry (2000), Suonare de Bruno Mantovani (2006), ou encore DifferentSpaces, pour piano et orchestre, de Baptiste Trotignon (2015). Ce doux colosse développe un jeu à la fois athlétique et délicat, capable de libérer une puissance tellurique avant de s’évanouir soudain en douceurs célestes. Les publics conquis des Folles journées de Nantes, de La Roque d’Anthéron, du Piano aux Jacobins, du Théâtre des Champs-Élysées ou de la Philharmonie de Paris ne sont pas prêts d’oublier une technique étourdissante, une sensibilité frémissante, un jeu subtil et passionné. Sa discographie en témoigne, avec des interprétations majeures de Liszt (Les Années de pèlerinage, Sonate en si mineur) Schumann (Kreisleriana), Bach (Variations Goldberg), Rachmaninov (Études-Tableaux), Ravel (Gaspard de la nuit), Beethoven (Concertos pour piano et orchestre no 4 et n° 5, sous la direction de Laurence Equilbey), Fauré (la musique de chambre, avec Renaud et Gautier Capuçon) et surtout une intégrale de l’œuvre pour piano seul de Brahms qui compte parmi les plus belles.

Nicholas Angelich souffrait depuis plusieurs années d’une maladie pulmonaire. Il meurt le 18 avril 2022 à Paris.

— Pierre BRETON

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification