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CEAUṢESCU NICOLAE (1918-1989)

Nicolae Ceausescu, 1979 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Nicolae Ceausescu, 1979

Né à Scornicesti (département de l'Olt) dans une famille de paysans, Nicolae Ceauşescu devient apprenti cordonnier à Bucarest et milite bientôt dans un comité antifasciste. En 1933, il est arrêté pour avoir incité à la grève. Cette même année, il adhère à l'Union de la jeunesse communiste et devient secrétaire des comités régionaux de ce mouvement à Prahova et Doltana puis à Olt. À nouveau incarcéré à Braṣov et à Doltana, il passe toute la période de la guerre en prison et au camp de Tirgu-Jiu.

Après sa libération, en août 1944, il est nommé secrétaire de l'Union de la jeunesse communiste et, en octobre 1945, membre suppléant du comité central du parti. Il exerce alors des responsabilités dans l'appareil régional du Parti communiste. En 1948, il est nommé ministre adjoint de l'Agriculture et, de 1950 à 1954, chef de la direction politique de l'armée, avec le titre de vice-ministre de la Défense et le grade de général.

Membre titulaire du comité central depuis 1952, il en devient le secrétaire en 1954 et, en 1955, membre du bureau politique. Il accède donc à la direction suprême après la mort de Staline sans prendre une part active aux épurations qui, en Roumanie comme dans les autres pays d'Europe orientale, ont frappé le parti. Lorsque meurt le premier secrétaire Gheorghiu-Dej (mars 1965), dont il était le plus proche collaborateur, il lui succède tout naturellement.

Ceauşescu reprend à son compte et développe avec quelque éclat la politique d'indépendance lancée par son prédécesseur. À maintes reprises, il proclame que tout État a pour devoir essentiel de maintenir la souveraineté nationale. Il s'oppose aux réformes de structure préparées dans le cadre du Comecon et du pacte de Varsovie, ce qui lui vaut quelques ennuis avec ses alliés. Pour mieux résister aux pressions, il cherche et obtient des appuis en Yougoslavie, en Occident et aussi en Chine. Alors que les autres membres du pacte de Varsovie interviennent en Tchécoslovaquie, Nicolae Ceauşescu condamne énergiquement cette opération.

En novembre 1978, il refuse de se plier au renforcement de l'intégration militaire demandé par Moscou. La même recherche d'indépendance apparaît dans le domaine de l'énergie, bien que la Roumanie doive s'approvisionner auprès de l'U.R.S.S. pour une part de son pétrole.

En revanche, sa politique intérieure est peu novatrice et ne se distingue guère de celles des autres partis communistes d'Europe centrale. Il instaure le cumul des responsabilités à tous les échelons dans l'appareil du parti et de l'administration, ce qui renforce le pouvoir de contrôle du premier. Lui-même se fait nommer en décembre 1967 président du Conseil d'État, c'est-à-dire chef d'État, puis crée en 1974 une présidence de la République à son profit. Tout en demeurant secrétaire général du parti, il est président du Front de l'unité socialiste, président du conseil de la Défense créé en mars 1969 (à ce titre il est commandant suprême) et président du Conseil suprême pour le développement économique et social institué en 1973. Sa femme Elena appartient au cabinet depuis juin 1979 et est le véritable numéro deux du régime.

Malgré les changements qui se dessinent à l'Est à partir de 1985 (arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en U.R.S.S.), le Conducator reste figé sur ses positions staliniennes. En avril 1989, au prix d'une terrible crise économique, Ceauşescu solde la dette extérieure roumaine.

Réélu triomphalement secrétaire général du parti pour un sixième mandat en novembre 1989, il s'enfuit en décembre sous la pression de la rue ; le 25, il est jugé et exécuté avec sa femme.

— Bernard FÉRON

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Écrit par

  • : chef adjoint du service étranger du journal Le Monde

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Nicolae Ceausescu, 1979 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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