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GRUNDTVIG NICOLAI FREDERIK SEVERIN (1783-1872)

La découverte de la Parole et la Højskole

En 1821, Grundtvig devint pasteur de l'Église danoise ; il fut nommé, sans l'avoir sollicité, curé de Prestø ; l'année suivante, il regagna la capitale pour y être pasteur auxiliaire de l'église Notre-Sauveur. Il sentit renaître en lui des forces nouvelles en écrivant le long poème autobiographique Matin du Nouvel An (Nyaars-Morgen, 1824), et, l'été suivant, en juillet 1825, il connut la plus grande aventure de sa vie. Il était de plus en plus préoccupé par le fait que l'interprétation rationaliste des Écritures sapait la confiance de la communauté du peuple chrétien dans l'autorité de la Bible. Ce fut alors qu'il lut dans l'écrit Contre les hérétiques de saint Irénée, évêque de Lyon (iie siècle), que la profession de foi avait été transmise oralement par Jésus aux communautés des premiers chrétiens, par l'intermédiaire des apôtres. La profession de foi, qui ne se trouve pas dans la Bible, fut pour Grundtvig la Parole de la bouche du Seigneur qui, sans le concours de l'Écriture, est communiquée à toutes les communautés chrétiennes, indépendamment de leurs dissensions dogmatiques. C'est cette profession de foi apostolique qui unit tous les chrétiens en une seule grande Église, une seule grande communauté, et cette communauté est le corps du Seigneur. Désormais, « Église » et « communauté » deviennent des notions synonymes chez Grundtvig et elles tiennent chez lui la place qu'avait occupée la Bible avant 1825. C'est là le fondement du « grundtvigianisme ».

La profession de foi du baptême, Grundtvig l'appelle « la parole vivante notoirement sortie de la bouche du Seigneur ». Dans les années suivantes, il insiste sur le fait que la parole vivante, c'est-à-dire la parole orale, est plus vraie que l'écriture, la parole morte. En 1832, il écrit que « le verbe appartient à la bouche et non à la plume ». L'expression orale en vient donc à s'opposer aux livres. En conséquence, il y a une relation entre la découverte que fait Grundtvig de la tradition chrétienne orale et son idée d'une Haute École populaire (Højskole), « une institution supérieure pour l'éducation populaire et pour l'application pratique dans toutes les matières principales », comme il le dit en 1832. Six ans plus tard, il définit plus précisément l'« école pour la vie », expression qui figure dans le titre d'un écrit (Skolen for Livet og Academiet i Soer, 1838) où il règle définitivement ses comptes avec l'« école noire » (c'est-à-dire l'enseignement supérieur : lycée et université) par laquelle il était lui-même passé et dont, avec sa brillante mémoire, il avait tiré profit pour l'enseignement des langues anciennes. La pensée de Grundtvig sur la Haute École supérieure arrivait au bon moment. En 1844 s'ouvrit au Danemark la première Højskole ; beaucoup suivirent, tant dans le pays que dans les autres pays nordiques. Le mouvement s'étendit en Europe et ailleurs, et il n'a cessé de se développer, avec des hauts et des bas. Ce qu'il y avait de révolutionnaire dans les idées de Grundtvig sur la Højskole intéresse quatre domaines différents : à savoir, d'abord, que la voie orale est une condition importante à une action spirituelle ; on dirait aujourd'hui : pour établir le contact et favoriser la communication. En deuxième lieu, que l'enseignement de son école populaire s'adresse aux adultes ; Grundtvig était convaincu que ce n'est pas l'enfance, mais la fin de l'adolescence qui est l'âge du développement réel. Troisièmement, qu'il s'adresse à tous, mais surtout aux classes sociales qui n'ont pas reçu un enseignement supérieur. Enfin, que l'enseignement a sa fin en lui-même, qu'il ne saurait amener ou justifier aucune forme d'examen.[...]

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    ...dialectique, il ne faisait que reprendre les attitudes de S. Kierkegaard en se plaçant dans le droit fil de son intransigeance radicale : Ibsen s'en souviendra. Et d'un point de vue pédagogique, un autre Danois, N. F. S. Grundtvig, allait trouver de profonds échos en Norvège, en s'efforçant de concilier culture...
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