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GRUNDTVIG NICOLAI FREDERIK SEVERIN (1783-1872)

Foisonnement d'idées et réalisations

En 1832, Grundtvig publia une nouvelle grande Nordens Mytologi, tout à fait différente du petit livre de 1808. C'est l'avant-propos de cette édition de 1832 qui a été cité plus haut. La mythologie comptait au nombre des matières principales enseignées dans la Højskole danoise, première manière. Mais en tête de cette nouvelle Nordens Mytologi figurait une longue lettre en vers où Grundtvig précise sa conception de la liberté ; il est convaincu que, dans le monde de l'esprit, il ne peut être possible de vaincre un adversaire que dans le libre déploiement de la pensée, en pleine liberté : un esprit dans les chaînes ne peut être anéanti ; asservir n'est pas abattre. Dans les décennies suivantes, Grundtvig travailla à l'émancipation des femmes, c'est-à-dire à leur participation à toutes les formes ou activités « de l'éducation et de l'instruction » (1851). Il voulait la séparation de l'école et de l'Église : la foi ne peut s'inculquer que dans la liberté (1836, 1859). Son grand mérite est d'avoir donné aux concepts de vie et de liberté spirituelles un contenu plus juste, plus riche. Par la parole libre, vivante, les hommes communiquent, s'affrontent ; toute communauté et toute prise de position individuelle sont à ce prix. La liberté est le corps où vit l'esprit.

Par sa poésie ainsi que par sa prédication, Grundtvig faisait la preuve de la portée et de la valeur de son message. L'Église étant pour lui la somme des croyants, la communauté, et leur collectivité la parole vivante du culte divin, il employa, dans les années 1830, toute sa force et déploya sa connaissance des langues pour ranimer le chant religieux luthérien. Il avait précédemment écrit divers psaumes. Désormais, il en adapte librement du grec ancien, du latin, de l'anglo-saxon et en compose de nouveaux. Le Livre de chants pour l'Église danoise (Sang-Vaerk til den Danske Kirke, 1837-1881), contient presque 1 600 adaptations ou originaux. Dans le psautier danois comme dans le livre de chants de la Højskole, Grundtvig tient une place prépondérante. À partir de 1839, devenu pasteur de l'église Vartov, à Copenhague (en 1861, il reçoit le titre d'évêque), sa prédication originale rassemblera une importante communauté.

Pour Grundtvig, le langage est le propre de l'homme, le signe du caractère éternel de l'être humain. La parole – de vive voix – et le chant créent, à l'église, à l'école et à la Højskole, la véritable communauté entre les hommes.

— Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN

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