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GEDDA NICOLAI (1925-2017)

Montserrat Caballé et Nicolai Gedda - crédits : Jack Mitchell/ Getty Images

Montserrat Caballé et Nicolai Gedda

Repéré au sein d’une chorale religieuse orthodoxe, le ténor suédois Nicolai Gedda a développé sur plus de quarante ans l’une des plus éblouissantes carrières lyriques du xxe siècle. Dans un vaste domaine qui s’étend de la musique baroque aux partitions contemporaines, il nous laisse un immense legs discographique (plus de 200 enregistrements) qui couvre tout autant l’univers du lied et de la mélodie que les soixante-dix rôles qui ont fait sa gloire sur scène.

Harry Gustaf Nikolai Gädda voit le jour le 11 juillet 1925 à Stockholm. Abandonné à sa naissance, il est élevé par sa tante Olga Gädda – fille et épouse d’émigrés russes – dont il prendra le nom. La famille s’installe à Leipzig de 1929 à 1935 avant de revenir en Suède pour fuir la menace nazie. Le jeune Nicolai commence son éducation musicale sous la férule de son père adoptif, Mikhail Ustinov, cantor à l’église orthodoxe de Stockholm. Il poursuit sa formation auprès de Carl Martin Oehmann, qui a été le professeur de Jussi Björling et de Martti Talvela. Dès l’enfance, il parle avec aisance le suédois, le russe et l’allemand. Il apprendra par la suite d’autres langues, dont le français et l’anglais. Parallèlement à ses études, il travaille comme employé de banque. Grâce à ses prestations au sein de l’ensemble vocal paternel, il obtient en 1950 le prix Kristina Nilsson. Cette distinction lui permet d’être admis, comme auditeur libre, à l’Académie royale de musique de Stockholm.

L’écho de ses débuts à l’Opéra royal de Stockholm – dans Der rote Stiefel de Heinrich Sutermeister en 1951 et, l’année suivante, sous les traits de Chapelou dans Le Postillon de Longjumeau d’Adolphe Adam – attire l’attention de l’influent Walter Legge à Londres. Celui-ci n’hésite pas à lui offrir le rôle de Dimitri au côté de Boris Christoff dans l’enregistrement de Boris Godounov de Moussorgski et à le faire participer à celui de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach sous la direction d’Herbert von Karajan. L’envol de sa carrière est immédiat. Gedda chante Ottavio (Don Giovanni de Mozart) à la Scala de Milan en 1953, Huon (Oberon de Weber) à l’Opéra de Paris en 1954, Belmonte (L’Enlèvement au sérail de Mozart), Ferrando (Così fan tutte de Mozart) et Thespis (Platée de Rameau) au festival d’Aix-en-Provence en 1954, le duc de Mantoue (Rigoletto de Verdi) à Covent Garden en 1954, et le rôle-titre du Faust de Gounod au Metropolitan Opera de New York en 1957. Dès cette époque, il s’intéresse à la musique de son temps. Il participe à trois créations mondiales – le fiancé dans Le Triomphe d’Aphrodite de Carl Orff (Scala de Milan, 1953), Anatol dans Vanessa de Samuel Barber (Metropolitan Opera de New York, 1957) et Horace dans L’École des femmes de Rolf Liebermann (festival de Salzbourg, 1957) – ainsi qu’à une première américaine, Kodona dans Le Dernier Sauvage de Gian Carlo Menotti (Metropolitan Opera de New York, 1964). Les plus grands théâtres se l’arrachent, enchantés par des aigus faciles et rayonnants, une diction irréprochable dans toutes les langues, une technique sans faille, la souplesse et l’élégance de ses phrasés ainsi que le raffinement infini de ses demi-teintes. Il y côtoie les plus grandes voix – Maria Callas, Victoria de Los Angeles, Elisabeth Schwarzkopf – ainsi que les plus prestigieuses baguettes de son époque – Dimitri Mitropoulos, Otto Klemperer, Georges Prêtre. Visitant toute l’étendue du grand répertoire traditionnel, Nicolai Gedda montre une nette prédilection pour les œuvres lyriques françaises où il excelle et un goût certain pour les opérettes viennoises. Il sait aussi s’écarter des chemins battus et se faire l’ardent défenseur de compositeurs moins fréquentés comme Chostakovitch, Gade, Glinka, Janáček, Lortzing ou Pfitzner. Seul le monde de Wagner semble lui être resté étranger. En récital,[...]

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Montserrat Caballé et Nicolai Gedda - crédits : Jack Mitchell/ Getty Images

Montserrat Caballé et Nicolai Gedda

Autres références

  • BLANC ERNEST (1923-2010)

    • Écrit par
    • 899 mots

    Considéré comme le plus grand baryton français de la seconde moitié du xxe siècle, Ernest Blanc naît à Sanary-sur-Mer, le 1er novembre 1923. Il exerce d'abord le métier de tourneur à l'arsenal de Toulon. En 1946, le directeur du conservatoire de cette ville l'entend chanter et, conquis par...