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LARGILLIÈRE NICOLAS DE (1656-1746)

Louis XIV - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Louis XIV

Avec Rigaud, Largillière (ou Largillierre) est le grand maître du portrait en France à la fin du règne de Louis XIV et au début de celui de Louis XV. On peut toutefois dire presque sans exagération que, bien qu'il soit né à Paris, ce n'est pas un peintre français. Sa formation se fit, en effet, d'abord à Anvers, puis surtout en Angleterre, où il séjourna six ans, travaillant dans l'atelier de sir Peter Lely. À travers Lely, c'est la leçon de Van Dyck qu'il recueille, pour ensuite introduire cet enseignement dans le climat parisien.

Reçu académicien en 1687, Largillière va mener une vie active et laborieuse. Il laisse à Rigaud le grand portrait de cour et se consacre à une clientèle essentiellement bourgeoise. Nous trouvons l'illustration la plus parfaite de cette orientation dans son tableau de 1696, l'une de ses œuvres majeures, aujourd'hui conservé à Saint-Étienne-du-Mont : l'Ex-Voto à sainte Geneviève, tableau commandé par les échevins de Paris. C'est une très grande toile en hauteur, approximativement divisée en deux registres : en bas, les échevins, en habit de cérémonie, coiffés de leurs immenses perruques ; en haut, dans une gloire de nuages, des anges ; à droite, agenouillée sur un nuage, la sainte prie, les mains jointes. La composition unit les différents registres par un jeu habile de regards et de gestes ; dans une harmonie chaude, reposant sur des bruns dorés et des rouges, avec quelques violets étouffés, le vêtement vert et bleu de la sainte vient apporter la seule note froide ; les ports de tête, les expressions, les gestes sont rendus avec bravoure, et la virtuosité toute flamande du peintre éclate dans le traitement des costumes et des perruques.

Plus que Rigaud, Largillière est capable d'apporter au portrait une vivacité et un esprit qui en fassent un chef-d'œuvre de poésie. Tel est le cas de la Belle Strasbourgeoise (1703, musée des Beaux-Arts de Strasbourg). Debout contre un ciel verdâtre et des feuillages roux, la jeune femme est coiffée de cet étrange chapeau que l'on dirait tonkinois, vu de face. Robe entre bleu et violet, très foncée, corsage doré ; au milieu de cet accord fastueux et lourd se glisse le rose vif d'un ruban.

À sa mort, Largillière laisse derrière lui une tradition renouvelée pour le portrait ; il est en outre le maître d'un Oudry et l'un de ceux qui ont le mieux contribué à enrichir la peinture française, à la fin du xviie siècle, en y faisant pénétrer les leçons flamandes.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

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Média

Louis XIV - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Louis XIV

Autres références

  • OUDRY JEAN-BAPTISTE (1686-1755)

    • Écrit par
    • 381 mots

    Le nom de Jean-Baptiste Oudry est resté assez célèbre comme celui du meilleur peintre d'animaux au xviiie siècle. Il convient pourtant de ne pas négliger les autres aspects de sa carrière. Oudry fut le disciple de Largillière, lequel lui aurait conseillé de se spécialiser dans la peinture...