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STAËL NICOLAS DE (1914-1955)

Nicolas de Staël est considéré comme l'un des maîtres de l'art abstrait en France après la Seconde Guerre mondiale. Ses origines russes et sa mort précoce ont entretenu autour de lui la légende de l'artiste maudit. En réalité, sa peinture, d'apparence abstraite mais toujours fondée sur la perception du monde réel – peinture en quête d'harmonie colorée et de sensualité de la pâte –, a connu le succès dès le vivant de l'artiste et a marqué durablement ce qu'on appelle alors l'« École de Paris ».

« Le château du monde avec toute sa fragilité »

Nicolas de Staël von Holstein naît le 5 janvier 1914 (selon le calendrier grégorien, le 23 décembre 1913 selon le calendrier julien) à Saint-Pétersbourg. Issu d'une famille contrainte à l'exil par la Révolution de 1917 (son père, le général Vladimir de Staël ayant été mis à la retraite par le gouvernement provisoire), il devient orphelin en 1921. Il est recueilli en Belgique par un ami de la famille. En 1933, il entre à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il gagne Paris en 1943, où il vit tout d'abord dans une profonde misère avant d'obtenir le soutien d'amateurs : dès 1944, celui de la galeriste Jeanne Bucher, puis, en 1945, celui du collectionneur Jean Bauret. À partir de 1946, la peinture de Nicolas de Staël prend un aspect éminemment personnel et ses formats s'élargissent avec l'installation de l'artiste dans un immense atelier rue Gauguet dans le XIVe arrondissement en 1947. Des collaborations se mettent en place : avec le poète Pierre Lecuire, puis avec le galeriste Jacques Dubourg qui expose désormais son travail.

À partir de 1949, il reçoit l'appui de Bernard Dorival, conservateur en chef du Musée national d'art moderne de Paris. La consécration a lieu, en 1950, avec un article de Georges Duthuit dans la revue Cahiers d'art. Sa réputation s'étend jusqu'aux États-Unis, notamment grâce au marchand de tableaux Theodore Shempp, ainsi qu'à l'exposition « Young Painters from US and France » (1950) à la galerie Sidney Janis. Sa rencontre avec le poète René Char, en 1951, infléchit radicalement son travail en lui faisant redécouvrir le Midi. En 1953, le succès retentissant d'une exposition personnelle à la galerie Knoedler à New York est suivi par un contrat avec le grand marchand Paul Rosenberg. À la fin de cette même année, Staël acquiert en Provence un petit château situé à Ménerbes, Le Castellet, puis, à la fin de 1954, s'installe à Antibes. Malgré une production intense, le doute que ressent l'artiste vis-à-vis de lui-même est toujours plus violent. Il met fin à ses jours le 16 mars 1955.

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Écrit par

  • : normalienne, auteur d'une thèse de doctorat sur le matiérisme dans l'art de l'après-guerre à Paris, critique d'art indépendant

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  • NICOLAS DE STAËL (exposition)

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    • 1 018 mots

    On le connaît bien, ce portrait photographique du peintre français Nicolas de Staël réalisé par Denise Colomb en 1954 dans son atelier de la rue Gauguet à Paris. L’artiste y apparaît légèrement dégingandé, le corps désarticulé, svelte, sobrement vêtu de sombre, le visage aquilin et le regard un...