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STAËL NICOLAS DE (1914-1955)

Le travail de la matière

S'il est une caractéristique essentielle du travail de Nicolas de Staël, du moins jusqu'en 1953, c'est la puissance de la matière picturale. Dans les années 1950, la forte matérialité des œuvres est un trait récurrent chez nombre d'artistes : Karel Appel, Jean Dubuffet, Jean Fautrier, Antonì Tàpies en sont les exemples les plus frappants, même si leurs travaux ne répondent pas aux mêmes préoccupations que ceux de Staël. Celui-ci a longuement fréquenté l'atelier de Georges Braque qui, à l'époque, réalise des natures mortes dans lesquelles du sable mélangé à l'huile en accroît la qualité charnelle de l'œuvre.

L'épaisseur de la pâte, souvent à la limite de ce qu'un châssis peut supporter, s'explique chez Staël par sa façon de travailler. Les strates de peinture sont le résultat d'un combat, réalisé au prix de retours incessants sur l'œuvre, de triturations, de grattages, d'empâtements qui visent à atteindre le point ultime d'équilibre et la plénitude spatiale de l'œuvre.

C'est en effet par ce travail de maçonnerie, au sein duquel les couleurs et les formes doivent trouver leur juste place, que se construit l'espace. Celui-ci fait l'objet d'une véritable inquiétude de la part de l'artiste dont la correspondance aborde souvent le sujet. Il recherche en effet un espace qui combine la planéité du tableau au sentiment d'ouverture et d'expansion provoqué par la densité de la matière, les accords chromatiques et l'agencement des figures. Plusieurs œuvres sont souvent entreprises simultanément : elles mûrissent lentement, soumises à un travail de correction incessant, le peintre allant même jusqu'à revenir sur des toiles déjà acquises par les collectionneurs.

À partir de 1953-1954, la pâte se fluidifie. Le phénomène s'accentue en 1955, dans les derniers mois de travail, lorsque le peintre en vient à étaler la peinture à l'aide de coton et de gaze. Cette évolution a été sensible lorsque le peintre à commencé à s'emparer de plus en plus distinctement du monde extérieur.

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Écrit par

  • : normalienne, auteur d'une thèse de doctorat sur le matiérisme dans l'art de l'après-guerre à Paris, critique d'art indépendant

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Autres références

  • NICOLAS DE STAËL (exposition)

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    • 1 018 mots

    On le connaît bien, ce portrait photographique du peintre français Nicolas de Staël réalisé par Denise Colomb en 1954 dans son atelier de la rue Gauguet à Paris. L’artiste y apparaît légèrement dégingandé, le corps désarticulé, svelte, sobrement vêtu de sombre, le visage aquilin et le regard un...