SOULT NICOLAS JEAN DE DIEU (1768-1851) duc de Dalmatie et maréchal d'Empire
Fils d'un notaire du Tarn, engagé dès 1785, Soult conquiert ses grades successifs aux armées de la Moselle puis de Sambre et Meuse ; c'est seulement à l'armée d'Helvétie que, nommé général de division en avril 1799, il s'acquitte avec succès de tâches importantes sous les ordres de Masséna. Pendant le Consulat, il proclame avec ardeur en toute occasion son dévouement à Bonaparte ; en est-il simplement récompensé par le bâton de maréchal ? Ou plutôt l'Empereur n'a-t-il pas discerné à juste titre ses talents ? En tout cas, Soult ne tarde pas à justifier sa promotion : à Austerlitz, c'est lui qui enfonce le centre ennemi sur le plateau de Pratzen et Napoléon le salue alors comme « le premier manœuvrier de l'Europe ». À Iéna, à Eylau, il est encore l'un des meilleurs artisans des victoires de 1806-1807. Au début de 1809, chargé de reconquérir le Portugal, il s'empare de Porto... et songe à se faire proclamer roi du Portugal sous le nom de Nicolas Ier ; tentative qui n'aura pas de suite, car Wellington approche et Soult préfère se disputer avec Ney que de s'opposer à l'avance anglaise. Dans les années qui suivront, malgré quelques victoires partielles, Soult sera l'un des principaux responsables de la dégradation progressive de la situation impériale en Espagne, par sa constante mauvaise volonté à coordonner ses mouvements avec ceux des autres maréchaux (Masséna puis Marmont, notamment).
En 1814, « le premier manœuvrier de l'Europe » met tout en œuvre pour obtenir les faveurs des Bourbons ; ministre de la Guerre en décembre, il demande l'érection d'un monument expiatoire aux émigrés de Quiberon ; on le voit suivre, cierge au poing, la procession pour l'anniversaire de la mort de Louis XVI ; il nomme les émigrés aux premiers grades de l'armée et réforme ou relègue ses anciens camarades plus lents à se convertir. Arrive le retour de l'île d'Elbe ; « le premier manœuvrier » réussit à se faire pardonner de Napoléon, qui le choisit comme major-général (chef d'état-major) pour remplacer Berthier. Choix fâcheux : l'armée n'a aucune confiance en cette girouette, et Soult s'acquitte si confusément de son office, dans la transmission des ordres, qu'on doit voir en lui l'un des responsables du désastre de Waterloo. Il faudra plus de temps au « premier manœuvrier » pour rentrer en grâce sous la seconde Restauration : d'abord banni, il ne récupère son bâton de maréchal qu'en 1820 et sa pairie qu'en 1827.
Mais la monarchie de Juillet lui sera propice ; voici le duc de Dalmatie de nouveau ministre de la Guerre, puis trois fois président du Conseil (la troisième fois de 1840 à 1847) ; et lorsque, enfin, la fatigue du grand âge le fait démissionner pour laisser le titre à Guizot (qui était depuis longtemps le véritable homme fort du ministère), Soult est honoré de la dignité, créée pour lui, de maréchal-général de France. Il mourra fâcheusement quelques jours avant le 2-Décembre, qui aurait pu lui apporter encore bien des avantages.
Ce n'est pas sur les champs de bataille ibériques que Soult avait été militairement le plus heureux, mais il avait su se procurer dans son gouvernement d'Andalousie un bonheur personnel plus durable : une jolie fortune acquise sans trop de mal et surtout une admirable galerie de tableaux des maîtres espagnols. « Le premier manœuvrier » avait bon goût.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
Classification
Autres références
-
JUILLET MONARCHIE DE
- Écrit par André Jean TUDESQ
- 8 497 mots
- 3 médias
...quartier de la Croix-Rousse furent rapidement maîtres de Lyon, dégarnie volontairement de sa garnison de crainte que celle-ci ne pactise avec les insurgés. De nouvelles troupes, commandées par le maréchal Soult, réoccupèrent la ville sans résistance. Le tarif fut aboli et la condition des ouvriers lyonnais...