CUGNOT NICOLAS JOSEPH (1725-1804)
La première réalisation d'un véhicule terrestre à vapeur (un tracteur pour le transport des canons) revient à l'ingénieur militaire français Nicolas Joseph Cugnot, né à Void en Lorraine. Le projet ayant été approuvé par Choiseul et par le général d'artillerie Gribeauval, Cugnot exécute d'abord, en 1769, un petit fardier à trois roues, dont une roue avant motrice remplaçant le cheval. Devant celle-ci, une ferrure soutient la chaudière qui alimente, alternativement, deux cylindres verticaux, situés de part et d'autre de la roue. La vapeur poussant les pistons vers le bas, les tiges, solidaires d'un balancier, agissent tour à tour sur un système à rochet, de chaque côté de l'essieu, et entraînent la roue. On notera qu'un mouvement alternatif est déjà transformé en mouvement de rotation, bien avant la machine à double effet de Watt (1783). Enfin, pour diriger le véhicule, un volant à poignées commande, par engrenage, la roue motrice. En 1770, Choiseul et Gribeauval assistent aux essais du chariot, effectués dans la cour de l'Arsenal, à Paris : la « voiture sans chevaux » se déplace par ses propres moyens, circulant à la vitesse de 4 kilomètres par heure.
Pour réussie qu'elle soit, cette première expérience révèle un défaut de conception : la chaudière paraît faible et disproportionnée aux cylindres. L'autonomie de marche du véhicule, en particulier, n'excède pas quinze minutes, après quoi le même délai est nécessaire pour obtenir une nouvelle production de vapeur. Néanmoins, Cugnot reçoit l'ordre de construire un autre fardier, à vraie grandeur cette fois et compte tenu des observations précédemment enregistrées. La voiture, équipée d'un nouveau moteur, est achevée en 1771. Mais la disgrâce de Choiseul (1770) entraînera la suppression des crédits affectés au projet de traction à vapeur. Finalement, le second chariot n'ayant jamais atteint le stade de l'essai technique, on ne saurait accréditer plus longtemps une légende tenace selon laquelle il se serait disloqué en enfonçant un mur.
Abandonnée à l'Arsenal, la seconde voiture de Cugnot rejoindra, en 1800, les collections du Conservatoire national des arts et métiers.
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Écrit par
- Jacques MÉRAND : licencié en philosophie
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