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NICOLAS LE MYSTIQUE (852-925) patriarche de Constantinople (901-907, 912-925)

Disciple et peut-être parent du patriarche Photius, Nicolas partage la disgrâce de celui-ci en 886 : il perd son poste de fonctionnaire public et entre dans un monastère. Mais Léon VI, qui ne lui avait pas retiré son amitié, le reprend bientôt comme mystikos (« homme de confiance ») ; le nom lui est resté, sans qu'on soit en mesure de déterminer à quel département il était préposé au sein de l'administration.

Le 1er mars 901, Nicolas succède au patriarche Antoine Cauléas. D'emblée, il manifeste son intérêt pour la discipline ecclésiastique et, dans la tradition de Photius, pour les missions. Il crée notamment une hiérarchie en Alanie (901) et stimule l'évangélisation des principautés caucasiennes du voisinage. Au début de 906, éclate l'affaire dite de la « tétragamie », c'est-à-dire des quatrièmes noces, regardées à Byzance comme une ignominie. Léon VI, auquel trois mariages précédents n'ont pas procuré d'enfant mâle, vient d'en obtenir un de sa maîtresse Zoé Karbonopsina. Le patriarche baptise l'enfant, le futur Constantin VII, à la condition que le basileus renvoie la mère. Trois jours plus tard, Léon épouse Zoé. Nicolas est en quête d'un arrangement canonique lorsque l'empereur sollicite une dispense du pape Sergius III. Ulcéré, le prélat durcit son attitude et, à deux reprises, interdit au basileus l'accès de Sainte-Sophie (Noël 906, Épiphanie 907), si même il ne trempe pas dans une conspiration. Léon l'expédie dans un monastère de la rive asiatique, extorque sa démission et le remplace par le moine Euthyme.

Le 11 mai 912, Léon VI meurt. Alexandre, qui détestait de longue date son frère défunt, chasse Euthyme et restaure Nicolas. Mais il meurt lui-même peu après, le 6 juin 913. Constantin VII n'a que sept ans, et Nicolas assume la régence. La situation est critique. Le roi de Bulgarie, Syméon, a ouvert les hostilités ; il campe devant Byzance et exige d'être couronné basileus des Romains. Nicolas transige. Il lui ménage un accueil solennel, lui impose la couronne impériale, enfin lui promet la main de Constantin VII pour une de ses filles, autrement dit, à échéance, le trône de Byzance. L'opinion est révoltée : Zoé revient et prend le commandement des armées. L'offensive byzantine accumule les désastres (917), cependant que Nicolas s'emploie, par des lettres répétées, à calmer ou à intimider l'adversaire.

Là-dessus se lève un homme nouveau qui, en plein accord avec Nicolas, va conjurer le péril extérieur et apaiser les dissensions, nées de la tétragamie, entre euthymiens et nicolaïtes. Romain Lécapène prend la régence, marie sa fille Hélène à Constantin VII et se fait couronner co-empereur (fin 920). Les rêves de Syméon sont anéantis. Le 9 juillet précédent, un synode avait condamné, en présence des légats romains, les quatrièmes noces et limité la tolérance des troisièmes. Le Tome d'union promulgué à cette occasion était un cri de victoire. Justice était rendue à l'usage de l'Église byzantine et à la conduite de Nicolas. Lécapène n'y avait pas peu contribué. Le patriarche lui en marquera sa reconnaissance en lui apportant jusqu'au bout son entier soutien dans la lutte contre Syméon. L'articulation solidaire des deux pouvoirs, définie naguère par Photius, entrait brillamment dans la réalité.

L'imposante Correspondance de Nicolas qui nous est parvenue reflète admirablement ses qualités d'homme de gouvernement. Régent ou patriarche, ou les deux ensemble, il conduit de pair les affaires de l'État et celles de l'Église, les unes et les autres souvent emmêlées. Ses correspondants vont des humbles évêques aux souverains et princes, chrétiens ou musulmans : le calife al-Muktadir, l'émir de Crète, le roi d'Arménie Aschot II, des roitelets ou hauts fonctionnaires[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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