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VIMAR NICOLAS STANISLAS AUGUSTE (1851-1916)

Peintre animalier et sculpteur marseillais, c'est dans l'illustration de livres d'enfants — dont il est souvent l'auteur — que Vimar trouve un ton personnel, fondé sur un sens du comique animalier préfigurant le bestiaire humoristique de Benjamin Rabier. Édités par des maisons spécialisées dans le livre illustré (Mame, Henri Laurens, Plon, Delagrave), ses vingt-cinq livres, destinés à toutes les gammes du public enfantin, depuis L'Arche de Noé (1894) jusqu'au Roman de Renard (1909), font partie de ces produits bien finis qui, sans prétendre à la haute qualité qui distingue ceux de Hetzel, respectent une tradition de présentation, que ce soit dans la reproduction fidèle des aquarelles et des dessins originaux au trait fouillé ou dans les cartonnages de percaline gravés en couleurs.

La réflexion qu'il prête à l'un de ses personnages, la mère Étienne (La Poule à poils, 1904), « très frappée de certaines ressemblances qu'ont parfois les bêtes avec les gens en leur trouvant des tournures, des allures et des figures qui lui rappelaient, à s'y casser le nez, une foule de personnes de sa connaissance », pourrait placer Vimar dans la filiation de Grandville dont il n'atteint jamais cependant le génie expressif ou même l'invention moraliste. L'inspiration de Vimar est gaie, fantaisiste et s'exprime dans des associations d'idées au premier degré, à la portée de l'imaginaire enfantin : la poche du kangourou est analogue à la musette du soldat, la bosse du chameau est transformée en gigantesque garde-manger. Vimar dessine en imagier farceur, son talent animalier atteint naturellement au comique par la pertinence du détail saugrenu qui renforce la drôlerie des attitudes. Si la morphologie animale est respectée, la gestuelle et les mimiques imitent celles des hommes. L'atmosphère gouailleuse frôle parfois la vulgarité pour rendre « les airs entendus et la muette insolence » du boy Jingo, l'éléphant héros du Boy de Marius Bouillabès (1906) : ici pas question de sagesse ni de bonhomie, vertus qui feront la réputation de Babar, une génération plus tard. Vimar campe avec faconde un univers burlesque d'animaux acteurs, tour à tour clowns et victimes dans leur relation de dépendance avec la société humaine ; la verve caricaturale jaillit dans un goût du gag dont on peut trouver la descendance chez Walt Disney.

— Laura NOESSER

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