WERTH NICOLAS (1950- )

En quête de l’URSS

Après sa période de formation et jusqu’à la fin des années 1980, Nicolas Werth exerce ses activités essentiellement à l’étranger. Il se plonge dans la réalité soviétique à différentes reprises, en commençant par occuper un poste de lecteur à l’université de Minsk puis à celle de Moscou.

Grâce à une bourse d’étude obtenue à l’université Columbia de New York, Nicolas Werth entreprend sa première recherche à partir des « archives de Smolensk », unique fonds documentaire du Parti communiste accessible aux historiens, car emporté par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, il a été transféré aux États-Unis à l’issue du conflit. C’est à travers l’étude de ce fonds que Nicolas Werth se forme à la recherche, une décennie avant l’ouverture des archives d’État de l’URSS. Être communiste en URSS sous Staline (1981) analyse les profils des membres du parti, leurs pratiques, les vagues de purge qui les affectent, et ce loin de tout parti pris idéologique dans une période pourtant dominée, au sein du milieu historien, par les querelles d’interprétation du système.

En 1986, Nicolas Werth devient attaché culturel de l’ambassade de France à Moscou. De cet observatoire privilégié des réformes gorbatchéviennes, il consigne dans divers articles les bouleversements de l’URSS qui s’expriment, notamment, dans le réveil des mémoires et les relectures du passé à l’aune de la transparence (glasnost’). Ce processus, qui conduit vers la fin de la décennie à la mise à disposition des archives de l’État soviétique aux chercheurs, constitue une véritable révolution, dont Nicolas Werth montre très vite l’importance, par la publication en français de plusieurs sommes documentaires et par l’apport de ses propres recherches.