CLAVELOUX NICOLE (1940- )
Après avoir suivi les cours de l'école des beaux-arts de Saint-Étienne, sa ville natale, Nicole Claveloux (née en 1940) se rend à Paris. Elle envoie ses premiers dessins à la revue Planète qui, dans chacun de ses numéros, consacre plusieurs de ses pages à de jeunes dessinateurs. François Ruy-Vidal et l'Américain Harlin Quist recherchent des écrivains et des illustrateurs capables de créer un type nouveau d'albums pour enfants. Après une longue période qui avait vu triompher, d'une manière parfois édulcorée, les conceptions de Paul Faucher — le créateur du Père Castor —, conceptions selon lesquelles l'album devait présenter un univers sécurisant, peuplé d'images et de séquences verbales progressivement assimilables, une autre tendance se fait jour qui entend tenir compte des fantaisies, des rêves, des peurs et de l'agressivité de l'enfant. C'est donc dans l'illustration d'albums pour enfants qu'elle trouve sa voie.
Nicole Claveloux se montre particulièrement à l'aise dans le nouvel espace qui lui est proposé. Ses premières images, elle les élabore à partir d'un texte de François Ruy-Vidal, Le Voyage extravagant de Hugo Brise-Fer (1968). Le dessin est extrêmement raffiné, baroque. L'originalité de ces illustrations réside dans le contraste créé, à l'intérieur de chaque planche, entre les parties en noir et celles qui sont colorées — ces dernières étant l'équivalent d'un gros plan coexistant avec l'ensemble auquel il appartient. Bien que cette réalisation témoigne d'un véritable talent, Nicole Claveloux est encore tributaire du style de certains grands graphistes de l'époque, Ronald Searle en particulier.
Très rapidement, elle va faire des choix : celui de ne pas rechercher une manière immuable pour s'y enfermer, celui de traiter l'image non pas comme une représentation du texte mais comme un moyen de dialoguer avec ce dernier. Ce travail de contrepoint, dans un premier temps elle va le mettre en œuvre de deux façons différentes : la première la conduit à produire, dans des couleurs très vives appliquées sur fond blanc, des images qui surgissent comme au cours d'un processus de prolifération cellulaire ; la seconde consiste, à l'intérieur d'images délimitées par un cadre, à traiter un nombre d'éléments restreints dans une lumière caractérisée par son étrangeté. Alala (1970) relève de la première manière, Les Trèfles de Longue Oreille (1973) de la seconde. Dans La Main verte, réalisée à partir d'un scénario d’Édith Zha (1978), Nicole Claveloux traite le phénomène lumineux non pas comme un moyen d'éclairer les personnages, mais comme le véritable sujet de l'histoire ; chaque image devient alors un seuil où la lumière, crépusculaire, est annonciatrice de nouvelles réalités.
Nicole Claveloux a participé à de nombreuses publications, albums pour enfants ou bandes dessinées. Alors que sa démarche semblait pouvoir être cernée, alors qu'elle avait semble-t-il créé une sorte d'attente parmi les amateurs de graphisme, elle a choisi d'autres manières de s'exprimer. Dans Rouge, bien rouge (1986), par exemple, où une couleur sert d'aiguillage vers différentes situations, elle abandonne les surfaces lisses pour la gouache, les couleurs éclatantes ou sourdes pour l'aventure de la monochromie. En fait, les choix opérés par l'artiste ne peuvent être considérés comme les étapes d'une évolution. Elle rayonne dans différentes directions, au gré des occasions qui lui sont offertes ou qui, plutôt, devancent son attente. Mis à part des textes « classiques » comme La Forêt des lilas de la comtesse de Ségur (1969), Alice au pays des merveilles (1972) de Lewis Carroll, Poucette (1978) et Le Briquet (1983) d'Andersen, Le Double Assassinat[...]
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Écrit par
- Marc THIVOLET : écrivain
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