GAUTIER NICOLE (1943- )
« L'art d'être spectateur ». C'est par ce slogan que Nicole Gautier accueille le public du Théâtre de la Cité internationale dont elle est la directrice. De 1991 à 2008, cette voyageuse infatigable, tout à la fois défricheuse et dénicheuse de tout ce qui surgit sur la scène contemporaine, a su faire de cet ensemble de trois salles installées au cœur de la Cité internationale universitaire, à Paris, un lieu de rendez-vous unique, affichant en moyenne une quinzaine de spectacles et trois cents représentations par an.
Née en 1943 à Paris mais élevée à Besançon où elle enseignera l'histoire et la géographie, Nicole Gautier travaille d'abord au sein d'associations telles que les Jeunesses musicales de France ou le festival de musique de Besançon. La mairie bisontine lui propose le poste de déléguée culturelle, tout juste créé. On est en 1969, après que « l'esprit de mai » a soufflé et que, dans le sillage d'André Malraux, la décentralisation théâtrale bat son plein. Appelée quelques mois plus tard à la direction administrative de l'Association franc-comtoise de culture, elle y demeure le temps de se familiariser avec l'art de la gestion et de la programmation (elle invite Robert Gironès, Jean-Pierre Vincent, le Grand Magic Circus), puis rejoint Daniel Girard à Cergy-Pontoise, alors directeur du centre d'action culturelle (il a dirigé jusqu'en 2004 la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon). Elle le retrouvera en 1980, à l'Office national de diffusion artistique dirigé par Philippe Tiry. Pendant dix ans, Nicole Gautier sillonne l'Hexagone, prenant la mesure de l'état de la création et des réseaux de diffusion, de la situation des compagnies, de leurs difficultés et de leurs besoins.
C'est durant cette période de formation sur le terrain que s'est précisée l'idée de ce que devait être un théâtre comme celui de la Cité internationale : une « maison » qui ne se contente pas d'accueillir des artistes inventifs et novateurs mais leur permette véritablement de se faire connaître du public. Sa vocation ne devrait pas être de « créer », mais de montrer ce qui a été créé et qui, pour exister, doit être vu par le plus grand nombre.
L'art d'être directrice
Édifié en 1936, dirigé de 1968 à 1972 par André-Louis Perinetti, le Théâtre de la Cité internationale avait été, à l'instar du festival de Nancy ou de Sygma à Bordeaux, le haut lieu de l'avant-garde, présentant des spectacles de Victor Garcia, le Bread and Puppet Theatre, la Mamma de New York, l'Odin théâtre, le Grand Magic Circus... Perinetti parti, le théâtre prit peu à peu des allures de belle endormie. Jusqu'à ce que, à l'orée des années 1990, les responsables de la Cité internationale universitaire demandent à Nicole Gautier de lui donner un second souffle.
Après avoir ouvert sa toute première saison, en 1991, avec Didier-Georges Gabily et son diptyque Violences, elle va accueillir la fine fleur des « jeunes » créateurs français : Jean-François Sivadier, Serge Tranvouez, Hervé Lelardoux, Wladislav Znorko, Jacques Osinski, Christian Rizzo, Xavier Marchand, Bruno Meyssat, Hubert Colas, la bande de Sentimental Bourreau... Une liste à compléter par celle des artistes étrangers parallèlement invités : le Québécois Denis Marleau, le Russe Ivan Popovski, le Néerlandais Jan Lauwers, l'Américain Mark Tompkins, l'Anglais Dan Jemmett... Dans le même temps, secondée par une équipe passée de dix à dix-neuf permanents et s'accommodant bon gré mal gré d'un budget modeste, Nicole Gautier a entrepris, avec le soutien de la Cité internationale, la remise à neuf de ses trois salles, la Resserre (140 places), la Galerie (230 places) et le Grand Théâtre (440 places), achevée en 2004.
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Écrit par
- Didier MÉREUZE
: journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à
La Croix
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